Cela faisait maintenant une bonne semaine que la radio et les journaux relayaient l’information : il aurait fallu être enterré au fin fond d’un patelin du nord pour ignorer la nouvelle. « Tous les citoyens allemands sont invités à se présenter le samedi 12 février, à quatorze heures, à la grande place du Tribunal à Berlin, pour assister à une grande annonce. » Rien de plus. La présentatrice de la radio et les rédacteurs n’en savaient pas plus que ce que le gouvernement avait bien voulu leur donner. Même si ce n’était pas dit de manière explicite, tout le monde se doutait bien que cette grande annonce devait avoir un lien avec la encore récente capture de Grindelwald. Dans certaines maisons, on parlait d’un feu d’artifice géant, dans d’autres on approfondissait davantage l’idée d’une exécution publique. L’attente dura une semaine, avant que finalement le fameux samedi n’arrive et que la grande place du Tribunal ne soit envahie par une bonne partie de la populace sorcière d’Allemagne.
Un cordon de sécurité avait été installé tout autour de la place et une centaine de miliciens surveillaient la foule. Chaque personne qui désirait se rendre sur la place se devait auparavant de passer devant ces chiens de garde. Et accepter de soumettre sa baguette à un contrôle. Un des miliciens la prenait alors, et scellait contre le bois un anneau très fin, marqué d’une rune – courtoisie du Collegium, payé grassement pour l’occasion. Pour toutes explications, on lâchait que ça bridait la baguette. Rien de bien grave, madame, monsieur, simplement pour éviter tout incident, allons, vous comprenez bien. On ne pouvait manquer de noter que les baguettes de ces miliciens n’étaient, elles, pas bridés. Mais on n’en faisait pas la remarque à haute voix.
Les plus intelligents étaient venus en avance, et avaient pu se masser au pied de l’estrade qui avait été installée devant le parvis du Tribunal. Mais dès treize heure, la place était bondée et il était devenu presqu’impossible de faire un pas sans écraser le pied de son voisin. Les parents portaient leurs enfants sur les épaules, pour leur éviter une tragique mort par étouffement, les mamies enfonçaient leurs cannes dans les pieds de jeunes malotrus qui leur bouchaient la vue et quelques rigolos en profitaient pour subtiliser quelques pièces des poches garnies de certains citoyens. Malheureusement pour ces pickpockets, les vrais riches avaient eu l’excellente idée de ne pas trop se mêler à la foule. Un peu à l’écart de la masse, une zone plus calme, elle aussi sous étroite protection de la part du Ministère de l’Intérieur, accueillait les membres du Parlement et leur famille. C’est qu’on voulait éviter que la journée ne se termine avec la cervelle d’un membre de l’Assemblée sous les semelles de la plèbe – un mouvement de foule était si vite arrivé.
Lorsque le petit homme monta sur l’estrade, il était pile quatorze heures. Il s’éclaircit la gorge, amplifia sa voix d’un mouvement de baguette et la masse se tut presqu’aussitôt.
« Chères concitoyennes, chers concitoyens, nous sommes heureux de vous accueillir si nombreux sur cette place. »
Le discours avait été écrit rapidement, par trois gratte papiers du Ministère des Affaires Étrangères qui avaient fait de leur mieux pour le rendre dans les délais. L’orateur n’avait eut que trois jours pour l’apprendre, et ses hésitations se sentaient sur certains mots, aux entournures de quelques phrases. Mais il en fallait plus pour décourager une foule qui sortait de plusieurs années de terreur et qui se pensait enfin libre. Après tout cette réunion publique était la première officielle à avoir lieu depuis la capture du mage noir. Ils étaient prêts à supporter quelques balbutiements pourvu que ce soit des bonnes nouvelles qu’on leur délivre.
Ce n’était pas de la haute littérature, mais ça fonctionnait. À grand renfort de « L’Allemagne a connu des heures sombres, qui aujourd’hui arrivent à leur fin. », ou de « Nous allons pouvoir ensemble entamer la reconstruction... » ou encore de « La menace est définitivement écartée… » il parvenait à retenir l’attention de plusieurs milliers de spectateurs qui n’attendaient pourtant qu’une chose : la chute. Que ce soit un feu d’artifice ou une bonne vieille exécution, d’ailleurs.
Et même si le rythme ternaire était très intéressant, au bout de plusieurs minutes d’élans patriotiques tremblants, l’intérêt de la foule retombait. Redescendant tant et si bien qu’ils étaient nombreux à n’écouter qu’à demi l’orateur au commencement de sa péroraison :
« Nous sommes donc pleinement heureux d’accueillir aujourd’hui nos alliés qui, depuis de si longues années, luttent à nos côtés pour éradiquer la menace que… » De loin, en plissant un peu des yeux, on aurait pu y croire. Mais même avec tous les efforts du monde, le ton n’était pas suffisamment chaleureux. « Et nous sommes certains qu’ensemble, les États-Unis et l’Allemagne parviendront à rétablir un climat de p- » Personne ne put saisir la fin de sa phrase, un immense vrombrissement emplit soudain l’air et pendant un trop long instant un vent de panique saisit la foule. Il y eut des cris, des mouvements brusques. Des hommes et des femmes qui brandissaient des baguettes pourtant bien inutiles, des enfants qui commençaient de pleurer tandis que les nuages gris d’hiver se mettaient à tournoyer. L’orateur tenta bien de ramener le calme, sans que personne ne prenne attention à lui. Puis les yeux se levèrent enfin vers le ciel.
Un vaisseau, un petit trois mâts, venait de crever les nuages et descendait en direction de la place. Le sort de lévitation qui lui permettait de voler était ce qui produisait le bruit qui avait causé la panique. Immédiatemment des membres de la Milice se précipitèrent et bousculèrent bon nombre de spectateurs afin de permettre au vaisseau d’atterrir. Sur l’estrade, l’orateur ne put se retenir de rouler des yeux. Le beaupré et le mât de misaine avaient une voilure bleue agrémentées d’étoiles et celle du grand mât, lui, était blanc rayé de rouge. Et si d’aventure quelqu’un avait encore ignoré la nationalité des arrivants, la figure de proue du navire : un bald eagle aux ailes déployées, annonça, avec un accent plus texan qu’allemand : « Messieurs, mesdames, l’honorable délégation des États-Unis d’Amérique. »
Une passerelle parut jaillir du pont pour rejoindre le sol. Plusieurs dizaines d’hommes et de femmes en uniforme descendirent et, placées en colonne, formèrent un passage depuis le navire jusqu’à l’estrade. Tous avaient la main sur leur baguette, tous semblaient savoir quelle était leur place, au millimètre près. Et quelques instants plus tard, deux silhouettes apparurent en haut de la passerelle. L’aigle reprit, au milieu de l’ahurissement quasi-général : « Messieurs, mesdames, l’honorable Perseus Armstrong. »
PARTICIPER
• L'event est ouvert à tous, "l'invitation" à rejoindre la place du Tribunal à Berlin a beaucoup tourné durant la dernière semaine et presque tou.te.s les sorcier.e.s d'Allemagne en ont entendu parlé. • Pour pouvoir entrer sur la place du Tribunal, il faut impérativement passer devant un membre de la Milice. Ils ne sont là que pour veiller au bon maintient de l'ordre et également pour poser un anneau créé par les maîtres runistes du Collegium sur chaque baguette, afin d'empêcher l'utilisation de sorts trop puissants. Pour que l'on retire le sceau runique de votre baguette, il vous faut repasser devant un de ces Miliciens en quittant la place. • Vous pouvez poster après ce post comme vous le désirez afin de poser votre personnage dans la foule, de décrire ses réactions, etc. Aucun ordre spécifique n'est attendu. La prochaine intervention du Secret Magique aura lieu dans une semaine.
Paul LindemannAutres
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Baguette : En bois de tilleul argenté, coeur d'écaille d’Ajattar en poudre
Ce serait mentir de prétendre que Paul n'a pas pensé à se ramener avec une bombe ou deux. Mentir encore que de dire qu'il n'a pas conçu la bombe en question, cherché un moyen de la dissimuler, fourré des poches magiques un peu partout dans son costume dans l'espoir qu'on ne le fouillerait pas de trop près, averti ses potes des Schwarze Hoffnungen du gros coup qui se préparait. Mentir enfin que de dire qu'au dernier moment, juste avant de quitter sa maison pour aller au lieu de rassemblement, Paul ne s'est pas dégonflé comme une vieille baudruche. Si ça n'avait tenu qu'à lui, il l'aurait fait. On n'a pas dix occasions comme ça de foutre la merde dans ce gouvernement de petites bites qui refile ses problèmes (ou ses mages noirs) aux Yankees plutôt que de les prendre à bras-le-corps, ce serait quand même bien con de laisser passer ça. Sauf que voilà, ça ne dépend plus que de lui. Y a le Majordome, déjà, le Majordome qui l'a vu dresser toute sa préparation et construire sa bombe et préparer ses poches et qui n'a rien dit, pas un seul mot. Le Majordome qui a simplement tendu la main quand son maître s'est apprêté à quitter son hôtel particulier, comme s'il était tout à fait certain que Paul allait lui remettre sa bombe artisanale sans broncher. Comme toujours, le Majordome a eu raison. Paul n'aime pas beaucoup sa propre sensibilité à la désapprobation silencieuse de son employé. N'aime pas beaucoup être à ce point esclave des desiderata du Majordome, n'aime pas se sentir aussi influençable. C'est récent. Avant, il se laissait faire, appréciait même les commentaires tacites de l'autre, suivait aveuglément tous les ordres feutrés qui lui étaient donnés. Il ne sait pas trop ce qui a changé. Les retrouvailles avec Anke, peut-être, la sensation terrifiante de voir le monde s'écrouler sous son propre poids. Grindelwald capturé, les Américains envahissant l'Allemagne pour y étaler leur pseudo-liberté qui n'est libre que de nom, si on en croit la désastreuse réception d'Applewhite. En tous cas, ce jour-là, quand il remet au Majordome la minuscule petite gemme destinée à exploser au nez du gouvernement allemand, il se sent foutrement irrité.
N'empêche que le Majordome a eu raison. La Milice a contrôlé tout le monde, bridé les baguettes. On ne s'amusera pas à provoquer un attentat sans impunité. Le gouvernement fait une démonstration de force bien trop tardive, presque ridicule tant elle est mal appropriée. Tout ça pour lécher les pompes des Américains. Pour lui-même, Paul se demande ce que les Yankees ont pour contrôler si facilement le gouvernement allemand qui les laisse débarquer en grande pompe comme ça. Doit bien y avoir des secrets, des moyens de pression. Même si l'Allemagne est gérée par une bande de mous qui aiment plus le pouvoir et l'argent que le peuple lui-même, tout ça lui paraît étrange, bancal. Il en connaît, des gens du gouvernement, et il sait bien qu'ils doivent assez peu apprécier de se voir damer le pion comme ça par les Yankees. À moins qu'ils ne s'en servent comme couverture, cachent leurs magouilles derrière les étoiles et les rayures du drapeau fièrement dressé des Américains. En tous cas, quelque chose cloche. Paul fume cigarette sur cigarette, grommelle pour lui-même. On l'écoute pas, de toute façon, personne n'écoute jamais les vieux fous qui se parlent à eux-mêmes, surtout pour étaler des théories du complot toutes plus élaborées les unes que les autres. N'empêche que. N'empêche qu'on laisse trop facilement les Américains coller leurs pattes sur les affaires locales, qu'on a l'air de se vautrer avec beaucoup de complaisance dans cette ingérence qui permet de déléguer toute responsabilité aux intrus. Ou peut-être que Paul est juste vieux et paranoïaque, avec l'âge. Ses doigts se tendent et se détendent. Ce serait l'occasion idéale. Faire péter le vaisseau des Américains, laisser le gouvernement allemand s'empêtrer en explications et en tentatives de sauvetage de la situation, laisser tout ce bordel suivre son cours jusqu'à la conclusion logique – la Révolution pure et dure. Paul jure entre ses dents, allume une énième cigarette. Cette journée aurait fait le déclencheur parfait. Le moment idéal pour pousser la foule à se soulever contre ces familles nobles qui tiennent le pays en tenaille depuis trop longtemps, laissent en prime des impérialistes notoires venir resserrer l'étau, se vautrent dans leur propre pouvoir sans plus se préoccuper de ce qui se passe en bas. Mais non. Le Majordome a tendu la main et Paul a donné la bombe, acceptant de sacrifier ses idéaux au nom pathétique de la sécurité.
La démonstration de force des Américains l'a à peine choqué, pour tout dire. Il n'y a pas si longtemps qu'il était à la soirée d'Applewhite et a eu l'occasion de voir en direct la suffisance typique d'Outre-Atlantique, il s'attendait à quelque chose de similaire. Le premier mouvement de surprise passé, il a levé les yeux au ciel, mâchonne le filtre de sa cigarette, grogne un peu. Manquerait plus que l'hymne américain en train de jouer. Perseus Armstrong, hein ? Paul a vaguement l'impression qu'il est censé connaître le nom. En tous cas, l'olibrius a été annoncé avec la même emphase que s'il s'agissait d'une célébrité mondiale au même titre que Sarah Bernhardt. Pourtant, en regardant autour de lui, il ne voit pas beaucoup plus de lueurs de reconnaissance dans les regards d'autrui qu'il n'en ressent dans le sien. Probablement encore un Américain tout pétri d'importance et décidé à conquérir le monde par la force de sa seule existence. Rien de bien inquiétant. N'est-ce pas ?
Magnus RöhrGouvernement | Heimdall
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Baguette : 28.2 cm, plume d'alkonost et chêne européen
Comme chacun le sait -surtout ceux qui le côtoient régulièrement- Magnus Röhr est un homme de contrôle. De lui-même, de sa famille, de sa ville, de son bourg -et par concéquant, d'une partie de son pays-, et de son organisation. Oui, il aime être en total maitrise des événements, Magnus. Il aime savoir, comprendre et connaitre. Mais cette fois, contrairement à ce que doit penser la populace qui se presse à Berin, ce n'est absolument pas le cas. En fait, aujourd'hui, la noblesse Allemande, sous ses fiers apparats, ses titres et sa richesse; ne contrôle rien du tout et n'en sait pas beaucoup plus que le peuple qu'elle est censée gouverner. Pour une fois, la noblesse, comme les autres, attend.
Et comme chacun le sait -surtout ceux qui le côtoient régulièrement- Magnus Röhr déteste attendre.
On aurait pu penser que moins de deux semaines après la capturent de Grindelwald, le Ladgraf d'Hambourg, celui du gouvernement qui s'opposait le plus farouchement à l'Einsicht ( et lui-même auteur, dans le plus grand secret, de la-dite capture), aurait l'air -si ce n'est réjoui- au moins satisfait. Détrompez-vous: Il affiche une mine maussade et un contrarié. Il jette un coup d'œil à sa montre, salut quelque collègues et échange quelque mots placides avec d'autres. Andreas se trouve à sa gauche, appuyé non nonchalamment contre le poteau d'un réverbère. D'un ton sec, il ordonne à son fils cadet de se tenir correctement. À son fils ainé, il ne dit rien. Lothar, debout à sa droite se tient à la perfection; et cela, par contre, satisfait fortement Magnus. Mais loin de lui l'idée d'en faire part au concerné: Lothar ne doit pas se reposer sur ses lauriers. Le jeune homme salue chaque membre du parlement et leur famille, les gratifiant tous d'une solide poignée de main et d'un échange poli. De l'autre côté de la zone réservé au gratin de la noblesse -tristement inutile- d'Allemagne, la foule s'amasse sur la place du Palais de justice. Magnus observe attentivement le peuple, craignant, comme toujours, une attaque de l'Einsicht. Par précaution, le Général d'Heimdall s'était arrangé pour que ses soldats qui faisaient également partie de la milice du gouvernement soient affectés à l'événement, mais organiser une surveillance de plus grande ampleur aurait été trop risqué. Cela lui avait au moins permis d'éviter que sa baguette soit scellée. Le milicien qui l'avait contrôlé était un membre de la 13e unité d'Odin, un simple regard lui avait intimé de ne pas poser l'anneau runique sur la baguette de son général. Le soldat s'était empressé d'obéir, en toute discrétion, bien entendu.
Quand Barenger arrive enfin sur l'estrade, Magnus jette un coup d'oeil à sa montre. Il est à peine à l'heure et déjà qu'il n'a aucun charisme, voilà que son discours se révèle sans intérêt. Magnus soupire. « Nous sommes donc pleinement heureux d’accueillir aujourd’hui nos alliés qui, depuis de si longues années, luttent à nos côtés pour éradiquer la menace... » bon sang, qui sont l'incapable qui a écrit ça ? Le gouvernement est en train d'avouer publiquement sa propre inutilité. Comment a-t-on pu tomber aussi bas ?
Il entend alors le bruit assourdissant. Pendant une seconde, sa main se referme sur sa baguette. Puis il voit le vaisseau faire son apparition dans le ciel et de toute évidence, il n'appartient pas à l'Einsicht. Les Américains ne peuvent donc rien faire normalement ? Simplement ? Si sa main se resserre encore plus sur son arme, ce n'est plus par instinct de duelliste, mais simplement pour contenir un sentiment d'irritation qui vient de se muer en véritable énervement.
Magnus n'a jamais approuvé la coopération forcée avec les Américains. Il les avait évités, tenu éloigné d'Heimdall le plus longtemps possible, mais le manque de coopération du gouvernement dans la lutte contre l'Einsicht ne lui avait pas laissé le choix. Et voilà où toute cette mascarade les avait menées: avec un bateau géant qui survolait Berlin. Quelle idée avaient eu le parlement de les laisser entrer sur le territoire ? Maudite assemblée pas capable de prendre des décisions concrète et efficace. Pas foutu de se débrouiller seule.
L'énorme bateau se pose et l'aigle sculpté à sa proue ouvre son grand bec pour s'annoncer. « Messieurs, mesdames, l’honorable délégation des États-Unis d’Amérique. » Une démonstration de magie aussi ostentatoire qu'inutile. Comme une insulte déguisée, jetée à la face d'un pays à moitié en ruine. Jeté à la face de son gouvernement et de sa noblesse. Jeté à la face de Magnus. Regardez, comme nous sommes plus puissants que vous. Regardez comme nous venons vous sauver. « Messieurs, mesdames, l’honorable Perseus Armstrong. » Magnus bouillonne intérieurement. Si honorable soit-il, que ce Perseus Armstrong essaie seulement de fouiner dans ses affaires, ça ne durera pas. À quelque mettre de lui, il aperçoit Konrad, gamin dans les bras, visage fermé, agacé. Leurs regards se croisent. Il va falloir se débarrasser de ces gêneurs. Et vite.
Lev TeczynskiGouvernement | Autres
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Baguette : Un cœur en moelle de Caladrius et trente-trois centimètres sculptés dans un tilleul du domaine familial. Manche inflexible, noueux, mais prolongement leste et malléable.
- Hors de question. - Monsieur, je suis désolé, mais j'ai reçu des ordres. Aucune exception, même pour un Helfer. Le sceau est obligatoire si vous souhaitez continuer. Votre baguette, s'il vous plait.
La tête légèrement penchée, Lev fixait son interlocuteur - un ver-humain aux allures de notaire, milicien dont le sourire narquois dégoulinait d'arrogance - et cristallisa son faciès dans les tréfonds de sa cervelle. Il se retourna vers Kurtz, vieil elfe de maison des Teczynski, cadeau d'un ami britannique de la famille. Lev connaissait l'esclave depuis plus longtemps que sa propre sœur. Pourtant, il ne sut jamais endurer sa laideur. Tout s'y trouvait sinistre : deux yeux craintifs reposants dans leurs orbites à l'abri d'arcades sourcilières dégarnies, un mufle épaté capable de dénicher la crasse dans chaque recoin d'une pièce, des épaules rachitiques sur lesquelles ballotaient des oreilles semblables aux tresses d'une petite fille sans le sou. Lev avait décidé d'emmener la créature avec lui pour remplacer son père, Burgraff de Breslau ayant refusé - à la toute dernière minute, comme à son habitude - d'assister à cette fameuse annonce extraordinaire.. Aux indiscrets qui ne manqueraient pas de le questionner sur l'absence du patriarche, il rétorquerait : "voyez à sa mine qu'il n'est pas en grande forme." L'idée lui paraissait hilarante. Dégainant sa baguette, un frissonnement de dégoût passa sur ses traits. Il tendit malgré tout l'objet, soigneusement enveloppé dans un mouchoir de soie.
- Ramène ceci dans ma chambre puis rejoins-moi dans la zone parlementaire. Ne tarde pas.
Les pupilles fixées sur la canne-épée de son maître, Kurtz étreignit la baguette et transplana dans l'instant. Comme pour réaffirmer sa position dominante, le milicien hocha la tête, l'air satisfait. Lev le remercia d'un "dupek" bien polonais, presque chaleureux, et poursuivit son chemin jusqu'aux places réservées. Toute la fine fleur allemande se trouvait là, sous son nez. Députés, ministres, familles prestigieuses... Un shrapnel tiré bien au centre de ce joli monde aurait à lui seul désorganisé l'Allemagne pour 10 ans. L'absence de baguette à son flan fut soudain source d'inquiétude. Il avait toujours beaucoup de mal à accorder sa confiance aux systèmes de sécurité gouvernementaux. Hypocrite au possible, l'Helfer arborait un sourire radieux, saluant de la main ses collègues - et clients, pour la plupart. Kurtz réapparut tel un spectre dans la foule et se faufila jusque dans le dos de son maître. Quatorze heures, enfin : l'assistance fut, à partir de ce moment précis, gavée d'un flot de lieux communs tautologiques manifestement ensorcelé puisque capable de la plonger dans un sommeil léthargique. Dépourvu d'une once de patience pour ces fadaises, Lev faillit sortir de table avant l'arrivée du dessert. Et quel dessert ! Il en eut la nausée. Tout était gras et disproportionné, jusqu'à leurs noms ! Comme toujours, les Américains faisaient preuve d'un cruel manque de raffinement. Cette débauche de moyens frôlait le ridicule, mais percutait de plein fouet le mauvais goût.
Crescentia a de bons souvenirs de Berlin. C’est là qu’elle se rendait pour aller voir son tuteur runiste, Herr Sáenz qui y avait son atelier. C’est là qu’elle fumait la majorité de ses clopes entre deux gros volumes poussiéreux, là qu’elle était pressée d’aller chaque matin pour sa formation. Crescentia a de mauvais souvenirs de Berlin, de bons souvenirs aujourd’hui teintés, et d’autres qui n’ont jamais été que difficiles comme l’achat de sa robe de mariée. Crescentia n’a plus vraiment de raison d’aller à Berlin depuis, mais aujourd’hui tout le peuple sorcier s’y assemble, noblesse comprise et c’est une occasion de quitter Bremen qu’elle ne peut pas se refuser. Deux semaines après la capture de Grindelwald, elle a du mal à imaginer que ce que l’on compte leur annoncer ne concerne pas cet évènement historique, quoiqu’elle peine, là encore à imaginer ce que ça pourrait bien être. Elle ne fait pas exactement confiance au Gouvernement, pour les débarrasser des menaces, quoiqu’elle compte tout à fait sur eux pour prendre les crédits qui reviennent certainement à Heimdall. Une fois le sceau sur sa baguette apposé — réveillant quelque chose en elle, mélancolie de la discipline abandonnée sans doute, gêne à l’idée de voir son pouvoir bridé, aussi — elle crève de rejoindre le cœur de la foule et de s’y perdre, mais les nobles sont invités à s’assembler à part de la plèbe, en sécurité et même si elle n’en est une que de second rang sans aucun doute, surtout depuis son mariage, elle y prend sa juste place avec une petite moue. Au moins dans des rassemblements pareils contrairement aux réceptions, aucun œil ne s’attarde trop longtemps sur elle.
Le discours est mal appris, arrache des petits sourires moqueurs à Crescentia quand l’orateur bute sur ses mots, quand son visage ne trahit pas plutôt son ennui pur — renforcé parfois par de lourds soupirs agacés. Elle n’est pas arrivée avec autant d’avance que les autres et elle ne voit pas très bien malgré sa taille plus que respectable, surtout pour une femme, mais ça n’importe pas beaucoup : il n’y a rien avoir et, de toute évidence, pour le moment pas grand chose à écouter non plus. On les a bien conviés ici pour quelque chose toutefois, et ce quelque chose doit être plus que quelques lieux-communs démagogues. « Nous sommes donc pleinement heureux d’accueillir aujourd’hui nos alliés qui, depuis de si longues années, luttent à nos côtés pour éradiquer la menace... » Un bref instant, elle croit presque que le Gouvernement est au courant et contre faire lumière sur Heimdall, mais c’est d’un stupide dont elle se réveille facilement. L’orateur n’a pas l’occasion d’achever son discours qu’un vrombissement l’interrompt et les Alliés annoncés, les États-Unis, visiblement débarquent de manière fracassante et avec un mauvais goût remarquable en arrivant dans un bateau volant — qui l’émerveille une demi-seconde avant qu’elle ne trouve l’idée totalement stupide. « Messieurs, mesdames, l’honorable délégation des États-Unis d’Amérique. » Il n’y a rien de très honorable à leur entrée si inutilement ostentatoire. Crescentia n’a pas beaucoup d’expérience avec les Américains, même s’il y en a déjà eu à Kiel pour visiter leur sources chaudes. Elle ne sait pas si c’est simplement leur nature, si tous leurs vaisseaux sont surplombés par un énorme aigle parlant. Elle ne sait pas s’ils sont toujours si bruyants et soucieux d’être au centre de l’attention, ou si c’est pour les seul bénéfice à eux, les Allemands. « Messieurs, mesdames, l’honorable Perseus Armstrong. » Crescentia accueille le nouveau venu qu’elle peut à peine apercevoir sur l’estrade depuis sa position d’un froncement de nez. Elle trouve ça plutôt étrange de se présenter soi-même, surtout avec autant de déférence (ça frôle le narcissisme, même si elle est généralement mal placée pour juger la chose), ce que la délégation est essentiellement en train de faire par le biais de leur emblème parlant.
Luise GoldschmidtAutres
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Baguette : cheveux de sphinx, bois de Louro Faïa d'Amérique du Sud et le tout d'une taille de 26,5 centimètres.
A moins d'habiter dans une grotte, il était bien difficile de ne pas avoir la grande information de la semaine : une annonce allait être faite au Tribunal ce jour. Laquelle ? Personne ne le savait mais au vu de la répétition de l'information, cela devait être de la plus haute importance. Il n'y a eu que peu d'hésitation avant que je me décide à m'y rendre en compagnie de plusieurs autres membres de ma famille. De toutes manières, y être absente est tout simplement inenvisageable : mon père a décidé qu'au premier mars, ce serait moi qui représenterait Leipzig à l'assemblée. Il continuerait toujours à être le Burggraf de la ville mais par cet acte, mon père officialise en quelque sorte une situation commencée depuis plusieurs années à savoir que c'est mon époux et moi qui nous nous occupons des affaires de Leipzig. Néanmoins, s'il se retire doucement des affaires politiques, je ne doute pas un instant que mon père ne manquera pas de nous faire savoir son avis dans le privé.
Vêtue d'un ensemble blanc brodé de bleu dans un tissu magique particulièrement couteux, je me suis dirigée vers la zone réservée aux membres du Parlement et à leur famille. Reconnaissant @Crescentia Seyfried, une ancienne camarade à Durmstrang, je la salue d'un poli geste de la tête. Toutefois, je ne lui adresse guère la parole. Le scandale résultant de son attitude est beaucoup trop récent pour faire comme celui-ci n'était une histoire ancienne. Bien sûr, il le sera un jour. Mais pas aujourd'hui. Outre mon ancienne camarade, je salue également quelques autres personnes déjà présentes et que j'ai déjà eu l'occasion de voir par le passé.
A mesure que le discours est prononcé, une moue crispée apparaît sur mon visage. Pour mon plus grand malheur, il semblerait que ce discours fasse parti de l'annonce tant attendue. Pour qui se prend ce gratte-pied de Berlin ? Ce n'est pas parce que la Landgraffin précédente a agi de manière répréhensible pour la ville que c'est partout pareil et que son successeur est un incompétent notoire qu'il faut en faire une généralité pour toute l'Allemagne. Leipzig se porte très bien, merci beaucoup !
Ce discours devient définitivement une farce lorsque les américains débarquent d'un air si conquérant devant le Tribunal. Non, le terme de farce n'est pas assez fort pour qualifier comment la fierté de l'Allemagne se retrouve bafouer par les yankees avec la complicité de certains allemands. S'ils espéraient m'inspirer une quelconque sympathie avec leur entrée en scène, c'est totalement raté. Le peu d'estime que je pouvais avoir pour leur nation a totalement disparu. Ce qu'on voit maintenant d'eux, ce n'est pas un cliché mais la réalité toute entière du comportement de la nation. Mr Baldwin, leur ambassadeur à Berlin a fini par perdre -tout du moins je l'espère ! - quelques fâcheuses habitudes de son pays en fréquentant le monde civilisé. Quant à Mr Applewhite, s'il m'agaçait prodigieusement depuis sa fête, il m'apparaît désormais comme étant un gentil bouffon. Mais ce que je vois... Tout mon sang allemand est outragé par cet affront.
Alors que continue cette humiliation publique de l'Allemagne toute entière (comme si les américains étaient un messie réincarné pour l'Allemagne ! ), je ne peux m'empêcher d'avoir un trait d'esprit :
-Après cette entrée en matière des plus spectaculaires, j'ai hâte de savoir s'ils vont nous proposer d'appliquer une loi similaire à leur 18e amendement.
Ma remarque est prononcée doucement et seules les personnes autour de moi ont pu l'entendre. Même si je l'ai prononcé doucement, mon ton moqueur est plus que perceptible. Je n'ai jamais été une grande partisane de cet amendement mais je serais presque d'avis de les voir essayer d'appliquer une idée semblable ici. Ils auraient des réactions forts sympathiques à leur encontre. En fait, cela ne me surprendrait définitivement pas s'ils nous annoncent par la suite une telle chose. Les yankees sont capables de tout, n'est-ce pas ?
HRP : Le 18e amendement est celui qui a interdit la production et la consommation d'alcool aux Etats-Unis. Appliqué à l'ensemble des Etats à partir de 1919, il n'est abrogé qu'en 1933. C'est cet amendement qui est à l'origine de la période de prohibition aux Etats-Unis.
Desmond WagnerGouvernement | Einsicht
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Date d'inscription : 10/02/2018
Messages : 20
Baguette : 30 centimètres, bois d'amaranthe et cheveu de Sphinx.
Sous les larges bords de son chapeau, sous les verres magiquement teintés, Wagner plisse mauvaisement les yeux en observant l’estrade. Entièrement habillé de la tête aux pieds, la seule parcelle de peau visible sur lui est son visage, et c’est déjà trop, alors qu’il sent quelques vicieux rayons de soleil en caresser l’épiderme suspicieusement blafard, malgré ses précautions.
Saleté de soleil. Saleté de malédiction.
Il n’est pas là de bon coeur, le Wagner. Entendre ces imbéciles d’Américains déblatérer idiotement ne l’intéresse pas, surtout à propos d’un homme dont la grandeur du projet les dépasse largement. Ce qui n’est pas bien difficile, vu l’imbécilité moyenne de l’Américain moyen. Son rôle d’Ascète le force pourtant à faire acte de présence, bon gré mal gré, soleil ou pas. Réfugié non loin de la zone la plus sécuritaire de l’assemblée, il se fait l’oreille attentive de la Bienfaitrice, ainsi que le regard dévoué de sa Cardinale. Il ne sera pas les yeux d’@Anke Sternberg, pour aujourd’hui, mais il est prêt, au cas où celle-ci se décide à adopter un autre point de vue sur tout ce qui se déroule.
Sa baguette est entre ses mains. Prête à servir, au besoin. Sa baguette, sa première baguette, celle qui ne lui convient plus. L’utilité d’avoir une seconde baguette, même de force moindre, même inadaptée à sa puissance et à ses ambitions, est qu’il est facile de glisser la meilleure des deux dans sa chaussette, afin de plus tard en prendre possession, sans que cette bête rune de bridage soit appliquée sur celle-ci. Wagner a bien évidemment protesté, pour la forme autant que pour le fond, lorsque son tour est venu de passer les miliciens. Il n’est pas qu’un bête citoyen, après tout, il est lui-même un brigadier, il a lui-même voix et baguette au sein de ce gouvernement, de cet événement, mais comme tous les autres, il a courbé l’échine. A présenté sa baguette, de mauvaise foi, et depuis, la regarde avec un air splendidement déplû qui ne laisse rien deviner de sa supercherie. Expression maussade habituelle qui ne cille pas, alors qu’un trois mâts émerge des cieux, dans une scène du plus grand tape-à-l’oeil. « Ces Américains », siffle-t-il mauvaisement. Incapables de s’empêcher de se perdre dans cet étalage ridicule de moyens pathétiques.
Walter DavisEinsicht | Autres
Revelio
Date d'inscription : 27/01/2018
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Baguette : d'emprunt, a perdu la première celle du coeur, lors d'un malheureux raid de l'Einsicht.
Sa place aurait dû être dans les Catacombes, à se fatiguer les yeux et feindre de s’épuiser les neurones sur le prochain exploit des Gracieux. Il y avait à faire : il fallait recoller les morceaux éparpillés de l’Einsicht (quitte à manquer de se faire exsangue par une troupe de Dhampir), soigner l’organisation de l’intérieur, reprendre la barre du navire laissé à la dérive après Gellert ; mais on était pour l’instant trop occupé à se chamailler en interne (et faire exploser des bureaux), trop pressé de prendre sa revanche aux yeux du monde pour prendre la peine d’inspirer et de reformer le noyau malmené du Plus Grand Bien.
Walter aurait dû en être. Walter aurait dû garder les côtés de la Cardinale, comme il aurait dû le faire depuis la chute de Grindelwald. S’il s’y était prêté d’abord, il s’était montré distrait, puis plus fuyant, moins disponible ; il traînait délibérément à la surface (traînait délibérément chez lui), prétextant se renseigner du côté de ses connaissances américaines, laissant les plans se faire sans lui, et Anke s’enfoncer, seule avec sa colère et les quelques miettes de fidèles, sous ses pieds de traître. Elle l’avait pourtant rattrapé, Sternberg, et ce jour-là, il avait endossé son rôle de chien fidèle, et dérobé ses yeux pour la durée de l’évènement public. Pour elle, il avait enfilé son costume de type chic, détonnant avec une mauvaise humeur angoissée qu’il camouflait tout juste ; pour elle, il s’était plié au bon vouloir de la Milice (il était de toute façon incapable de se servir comme il le voulait de cette baguette étrangère) ; pour elle, il avait regardé du côté du gouvernement, perché en sécurité, à la recherche de Till (une angoisse supplémenaire) ; pour elle, il avait évité la compagnie de ses connaissances, quitte à provoquer plus encore de malheureux malentendus avec Paul, et s’était coincé en retrait, coincé en ce qui semblait être (sentait être) une poissonnière et sa marmaille, carnet en main, plume à papote taille réduite filant au rythme de la propagande énoncée sur l’estrade. Si on lui demandait, il ne voulait rien manquer de ce moment historique.
Depuis Gellert, Walter avait attendu le BIMI. Il attendait que le Bureau lui réapparaisse et lui dise finalement de rentrer au bercail, avec les félicitations et peut-être une petite tape dans le dos de Daddy Smith. Le pénible souvenir de leur dernière communication, un petit mot signé par sa mère lui disant de “rester bien au chaud en Allemagne, et de faire comme le gouvernement allemand le dictait, love, mommy”, brûlait encore dans sa poitrine.
Alors quand il vit Armstrong, quand les étoiles et les rayures brillèrent avec éclat sur la place, Walter manqua un souffle. Un deuxième encore. Il reprit la peine de respirer au détour du troisième. Mais son coeur n’avait pas suivi : il tambourinait contre son torse, désordonné, erratique.
Walter ne jurait jamais -autre que socialement, pour se mêler au reste, être swell ; mais pour l’occasion, il ne put retenir dans son crâne une majestueuse italique. Perseus fucking Armstrong. En Allemagne. Ici.
Heureusement pour lui, Anke ne pouvait rien sentir de la sueur froide couvrant son dos humide. Heureusement pour lui, il eut un formidable réflexe de survivaliste, et bazarda toute ses émotions (un monstrueux tumulte de surprise, de colère, de frustration, de joie, d’expectative, une force féroce se déchaînant soudain en lui) en leur épicentre, les y enfermant pour mieux emprunter une mine vaguement surprise -même si un peu pâlotte, son sort de Déperspiration lui laissant le teint sec et lisse. Il réhaussa le bord de son chapeau de son pouce, et emprunta un air intéressé, attentif.
Il connaissait les visages, les voix pour certains -il inspira, du calme Davis. C’était de la folie -une folie furieuse comme il n'en avait jamais senti, qui le prenait au ventre et hurlait à son crâne des choses insanes- et il la retenait encore comme il le pouvait, fébrile. Quelque part, il espérait être vu. Quelque part, il espérait l'impossible.
Il se contenta de ne pas bouger et comme le reste, d'attendre la suite.
Kora SchäferHeimdall
Revelio
Date d'inscription : 04/03/2018
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Baguette : Crin de Sombral, coeur témoin d'un aller-retour dans l'antre noir, Zébrano, zébrures en accord avec elle-même.
Soupir peu contenu parmi la ronde de détenus qu'ils sont tous. Petits partisans d'un monde qu'ils ne dirigent que dans leurs rêves. Elle est belle, l'Allemagne Sorcière, sous ses grands airs de souricière. ça lui met la bombe au coeur, pourrissement débuté il y a trop longtemps. Les rassemblements de ce type lui donne une nausée incontrôlable. Pas qu'elle exècre la présence d'autant de personnes dans un lieu si étroit, mais la conscience dicte toujours une nouvelle plus ou moins bonne. Jamais totalement l'une, jamais totalement l'autre. A croire que tout discours perpétré sur cette estrade n'a pas un, mais deux destins distincts. « C'est obligatoire, Madame. » Elle avait compris la première fois qu'il l'avait dit. Sceau inutile, et plutôt vain en cas d'attaque. A croire qu'ils ne font plus confiance en personne, même aux plus grands de ce monde. De quoi rassurer la population entière. Calfeutrer la magie dans les corps, histoire de ne pas être débordé. Brimer les baguettes pour mieux régner en maître. « Je m'y plierai avec joie, mais seulement si vous le laisser entrer également. » Le soldat persiste dans son discours nauséabond. Elle n'écoute que d'une oreille, tant le brouhaha fait tanguer les synapses. Les impatients font claquer leurs crocs à l'arrière, comme si l'attente était vouée à leur offrir un bien plus précieux que nul autre. Stupides âmes qui se fatiguent encore à espérer. « Je suis désolé, mais... » Kora lève les yeux au ciel. Capharnaüm dans le carcan qui fait vriller la docilité. « Mais quoi ? Pensez-vous sincèrement qu'il pourrait sauter à la gorge de votre précieux orateur ? Je possède toutes les autorisations nécessaires. » Le soldat se renfrogne en observant le quadrupède sur son épaule. Il secoue la tête comme une poupée dodelinante dans les bras d'un enfant en pleine course. Kora se demande s'il a seulement un soupçon d'intelligence. Et elle sent, à cette pensée, son venin peser plus encore. « Vous devez patienter un instant, je dois en référer à mon supérieur. » Kora se retourne, observe la foule en hochant la tête. Dizaine de visages aux sourcils froncés qui reflètent l'amère envie de se rebeller. Impatience, impatience quand tu nous fais vrombrir le myocarde. « Si vous tenez à les faire attendre plus encore, libre à vous. Je crains cependant qu'ils ne soient que plus farouches lorsqu'ils arriveront jusqu'à vous. Il est d'ailleurs déjà tard, la cérémonie n'aurait-elle déjà pas dû commencer ? Votre incompétence sera certainement remarquée. » A croire qu'il faut toujours faire faillir les roses du cerveau pour faire ployer l'idiot.
Place jamais réellement acquise entre les bras de l'assemblée. Le monde attend, debout en plein vent. Litanie bruyante qui ébauche un avenir incertain. Ils s'écartent en silence, les incohérents, les enfants, les parents, les brillants. Nacht a un pouvoir particulier lorsqu'il s'agit de créer la peur. Peur certainement méritée lorsqu'on ne connait pas la créature. « Je ne t'aurais guère laissé avec cet homme, si charmant pouvait-il être. » qu'elle confie, repoussant les humanoïdes qui l'observent sans dérobée. Elle aperçoit Magnus, quelques mètres plus loin. Salutation tacite d'une célérité avancée. Elle se poste près de l'estrade. Observation du vide qu'elle laisse encore. Nacht ronronne. Seule écoute encore intéressante. Les tympans filtrent les voix et les cris. Il n'y a, en elle, que le néant d'une concentration subtile.
Lorsque le petit homme s'avance, les voix se taisent. Un enfant pleure à l'arrière, et Kora se demande quel genre de mère guiderait son bambin ici. En vue du danger potentiel, elle injure l'ignorante qui presse le petit corps contre sa poitrine pour ne plus attirer l'attention. Au début, Kora n'a que peu d'attirance pour les paroles vides de sens. Politesses absurdes pour mieux faire passer la pilule prochaine. Seule interrogation entre les côtes, celle de savoir si bonne ou mauvaise sera l'intervention. Aux abords de l'annonce, Kora fronce les sourcils. Duperies qu'elle s'offre à elle-même, lorsque l'âme prétend la sortie de l'abîme. Mais ce n'est là qu'espoir qu'elle fait germer elle-même. Germe écrasé d'un revers de botte. Le regard cherche quelque chose, parmi la blancheur du ciel. Le vent tourne. L'épiderme refroidit, en proie à un gel intérieur. Elle guette un bruit, un mouvement. Et lorsqu'il vient, Nacht s'hérisse doucement. « Cht... Ne sois pas effrayé. » Le véhicule ne crée qu'un recul de l'ensemble des habitants. Population inquiétée par l'étrangeté qui les touche en surprise. Entrée peu fracassante, pourtant, aux yeux de Kora. Notamment lorsque le bonhomme nominé pour l'ovation vient se présenter. Homme dont elle a entendu parlé. Homme en grandes pompes qui veut prétendre sauver leur pays. Elle se contente de sourire, seule arme qu'elle possède pour tant d'hypocrisie gouvernementale. Nacht gondole et vient trouver ses bras. Une caresse au protecteur pour prouver que le trouble n'est pas ancré en elle. « Qu'est-ce que ça veut dire ?! » demande un inconnu à son côté. « Que l'Amérique vient chercher son dû. » Le sourire se fait plus large. Moquerie non dissimulée qu'elle offre à l'immigrant. « La servitude de l'Allemagne. »
Quelques semaines passées dans la Forêt Noire, ça vous dérègle un peu les informations. Il est complexe, parfois même impossible, de savoir ce qu’il se passe dernièrement. Hilda, après tout, ne croit plus personne. Anke est un traître, Franz un enfoiré, leurs disciples ne valent pas mieux. Il n’y a que ses Monstrueux qui sont fidèles, et ils sont mal équipés, mal renseignés, et ne bénéficient que rarement de places importantes dans la société. Il devient de plus en plus complexe pour Petra de les voir. C’est insupportable. Obligée de prendre ses informations par l’autre américain. Saleté. La Première a donc décidé, pour une fois, de se déplacer pour l’occasion. Polynectar en poche et @Silke Hamelinheim au bras, à roucouler comme deux imbéciles, elles sont parées pour se fondre dans la foule douteuse des sorciers venus assister à l’annonce. Certains disent que c’est une exécution publique, et Hilda a hâte de voir une Anke sûrement présente se ruer sur l’estrade pour le sauver, et mourir avec lui. Elle veut, surtout, savoir comment va le monde, ce qu’il se passe, à quoi ressemble le peuple sorcier. Elle ne prête donc attention qu’à son environnement immédiat, les murmures, les visages, s’efforçant de ne pas sourire en entendant l’expression de la crainte générale de la Monstrueuse. Elle sursaute, presque, s’accroche davantage à Silke, en voyant au bout de la file qu’on fait quelque chose avec les baguettes. Ni une ni deux, elle embrasse le cou de son prétendu-fiancé pour lui murmurer quelques douceurs à l’oreille sous forme d’un charmant : « Tu arrives à savoir ce qu’ils foutent avec les baguettes ? » Aucune ne sait. La baguette de Hilda, cependant, n’est pas quelque chose dont elle peut être fière. Il n’y a que des sorts violents, meurtriers, parfois explicitement destinés à la torture. Elle a été volée, surtout, il y a peu. S’ils s’y intéressent un peu trop, elle risque bien des merdes. Heureusement, la file est lente. Hilda retrouve le doux sourire que lui inspire son visage du jour, babille avec Silke d’idioties, avant de repérer, finalement, une ceinture bien offerte. Une baguette glisse, l’autre la remplace. Dans la foule, la cohue, le bruit, Hilda réussit à récupérer ce qu’elle espère être une baguette irréprochable. Elles avancent et dépassent la victime sans que Hilda n’ose trop regarder qui était la cible. Ce n’est que cinq minutes plus tard, d’un discret regard en arrière, qu’elle reconnaît la victime. @Walter Davis. Un mince sourire amusé lui dessine un instant les lèvres, avant qu’elle n’écoute de nouveau son partenaire pester sur cette queue qui n’avance pas.
L’apposition d’une simple rune la rassure d’un côté, tout en lui faisant regretter la babiole égarée. Elle avait enfin commencé à s’y habituer. Tant pis. On continue à se faufiler entre les coudes, avec des regards pour repérer les divers nobles dont elle a pu partager la couche, puis les riches, puis les pauvres (insupportables pauvres). Elles finissent par trouver une place légèrement en retrait, idéale pour admirer le discours se révélant vite barbant de ce qui devait être le portier vu sa capacité élocutoire. Hilda n’écoute rien de ce qu’il dit. S’en fout. Elle préfère regarder la foule, dévorer des yeux certains visages connus et jalouser avec amertume ceux qu’elle reconnaît de son camp, et pourtant toujours parfaitement légaux. Son regard glisse sur la présence d’Andreas comme s’il n’existait pas. C’est la clameur de la foule qui la fait émerger de son observation, faisant apparaître un absurde bateau au milieu de la place. Cherchant à correspondre à son personnage, elle décide d’applaudir à tout rompre, sourire satisfait aux lèvres. « Vive les américains ! Ils vont s'occuper du reste de ces barbares, hein chéri ? » Et de se tourner vers Silke, intérieurement hilare. Qu’ils ramènent donc les gros bras, les coincés, les imbéciles d’Américains. L’Einsicht se souvient encore aujourd’hui du jour où elle n’aurait pas dû s’allier avec une force qu’elle ne pouvait contrôler.
Polynectar:
Hilda a donc la tête de Claire Foy brune pour aujourd'hui. Discrétion assurée.
Silke HamelinheimEinsicht
Revelio
Date d'inscription : 27/01/2018
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Baguette : Plume de phénix, bois d'acacia, 27cm, très souple (et elle sait à peine s'en servir).
Hilda connait son avis. Elles ne devraient pas être là, même sous polynectar. C'est de mauvaise augure, ce rassemblement, cette grande annonce du gouvernement. Tout ce qui vient du gouvernement est douteux, surtout dès lors qu'il vient de se mettre sous la dent la plus belle des prises. Elle aurait préféré rester planquée, Silke. Ce n'est pas qu'elle craint les combats, seul un imbécile s'imaginerait chose pareille. Elle a juste le bon sens de choisir ses batailles. Se retrouver au milieu d'une foule de citoyens, entourée de miliciens et sans doute d'agents d'Heimdall, est très haut dans la liste des idées qui lui paraissent insensées. Elles ne sont pas là pour faire un carnage, seulement pour s'informer ; Silke saisit bien l'intérêt, mais doute que cela en vaille la peine. Elle a su dès qu'Hilda est venue lui en parler qu'il serait inutile de lui tenir tête - et qu'elle irait. Qu'elle soit maudite si la Première crevait d'une façon aussi stupide, surtout après la capture de Gellert. L'Einsicht ne s'en relèverait sans doute jamais.
La dhampir joue donc le numéro, bien qu'elle connaisse très bien le prix à payer à la fin de cette journée. Mais Silke ne se plaint pas - jamais. C'est loin d'être la première fois qu'elle s'expose volontairement au soleil, et ce ne sera pas la dernière. Ses yeux affronte l'astre céleste, et même si le visage qu'elle porte est bien moins pâle que le sien, il serait couvert de plaques rougissantes avant ce soir. Demander les soins d'Ebenezer en ces temps reviendrait à cracher sur les Monstrueux, aussi aurait-elle sûrement à subir la douleur un bon moment...
Malgré sa sombre humeur, Silke prétend avec sa fausse épouse être ravi de ce rassemblement, excité de savoir ce que le gouvernement leur annoncerait. Ce doit être un grand jour, n'est-ce pas ? Par chance, l'homme dont elle a volé le corps a les épaules assez larges pour qu'on les laisse sans peine se faire une place dans la file. En sentant les lèvres d'Hilda contre son cou, elle se demande si la vélane n'en fait pas un peu trop... « Tu arrives à savoir ce qu’ils foutent avec les baguettes ? » Profitant de sa haute taille, elle lève le menton et tente de comprendre ce qui les attend - mais finit par abandonner avec un haussement d'épaules. Quelle importance, ce qu'ils font avec les baguettes ? Elle oublie parfois à quel point certains Monstrueux se reposent sur ce bout de bois pour arriver à leurs fins. D'un œil indifférent, Silke observe le petit manège de la vélane. Sa propre baguette ne lui vaudrait guère d'ennuis, les dix derniers sortilèges relevant surtout de l'entraînement au Finite incantatem avec Ebenezer. D'ailleurs, elle n'a guère qu'un froncement des sourcils en voyant la rune qu'installent les miliciens sur celle-ci. Les imbéciles devraient plutôt fouiller chacun des sorciers présents. Ils pourraient notamment extirper des dagues de différentes poches dissimulées sur elle (ou plutôt, lui), et de chacune de ses bottes. Bouffons, se retient-elle de grogner en s'éloignant.
La dhampir tâche vaguement d'écouter l'élocution, malgré l'ennui que provoquent les mots creux. Si elle observe la foule, c'est surtout avec une méfiance accrue. Elle tente de déceler d'éventuels signes de la présence d'Heimdall, en vain. Même sous polynectar, Hilda pourrait être prise pour cible, s'il y a des traîtres dans leurs rangs. Le fiasco de la capture lui est resté en travers de la gorge, et avec lui s'est consolidée sa conviction que nul n'est de confiance.
La soudaine apparition lui fait hausser les sourcils. Elle ne cherche même pas à cacher sa perplexité, abandonnant pour quelques instants le personnage qu'elle est sensée jouer. Un bateau volant ? Le mauvais goût de la mise en scène le dispute à la fierté obséquieuse des américains, et Silke esquisse une moue méprisante. Des péteux, voilà ce qu'ils sont ; sans doute aussi des blaireaux, persuadés qu'on plierait l'échine avec sincérité devant leur grandiloquence.
C'est Hilda qui, en quelque sorte, la rappelle à l'ordre. Ses manières affectées pourraient être agaçantes, si elle ne devinait pas ce qui se cache derrière les yeux facétieux de la vélane. Elle se joint à ses applaudissements, étouffant un sourire caustique. « Vive les américains ! Ils vont s'occuper du reste de ces barbares, hein chéri ? » Un rire manque de lui échapper. Délicieuse ironie que cette scène qui se joue. Elle tire la satisfaction où elle peut, Silke. Ces barbares, qui vivent dans vos caves mais crèvent loin de vos yeux détournés. Ces barbares, qui s’immiscent dans vos célébrations et vomissent en silence (pour l'instant) sur votre bien-pensance - qu'elle soit allemande ou américaine. « Bien sûr, mon ange. De toute façon, nous sommes en sécurité maintenant que cet infâme mage a été arrêté. Ses animaux sont en déroute, c'est évident, et les américains vont les achever. » Elle termine par un mouvement de la main désignant l'aigle, feignant l'admiration. La dhampir est soudain pressée de voir à quoi ressemble cet ennemi supplémentaire, cet Armstrong. Maigre réconfort que d'imaginer à quel point le gouvernement doit être contrarié par cette démonstration. Peut-être même seraient-ils si occupés à tenter de chasser les envahisseurs, qu'ils en deviendraient encore moins efficaces à chasser la vraie menace.
Polynectar:
Silke est sous polynectar et ressemble à Clive Standen.
Perseus Armstrong était un homme subtil. C’était du moins ainsi qu’on parlait de lui, parfois, dans les bureaux du BIMI ou du MACUSA. Subtil était ici un terme édulcoré pour signaler ce que d’autres moins lâches pourraient appeler de la fourberie. On ne devient pas vice président du BIMI à seulement trente-sept ans sans avoir quelques tâches sur les mains. Aujourd’hui, il en avait quarante-cinq, assez d’expérience en matière de machination et de stratagème pour faire pâlir les groupuscules les plus hargneux du monde entier, alors lorsque la German affair avait été présentée lors d’une réunion des grosses pontes du Bureau d’Investigation Magique International il avait décidé de s’en emparer. Même si on tenta bien de l’en empêcher : « Enfin Armstrong. Vous êtes le vice-président… Cette affaire n’est pas assez intéressante pour que vous vous déplaciez. » et autres dérivés. Mais assister à la renaissance d’un pays grâce à la bonne volonté américaine n’était pas quelque chose que Perseus aurait caractérisé d’emmerdant. La conséquence de son choix fut que plus de moyens furent alloués à l’opération. « Subtil, Armstrong, subtil. Ils sortent de plusieurs années de guerre intestines. » « Vous savez bien que la subtilité est mon deuxième prénom. » On hocha la tête.
Il y eut quelques dépassements de budget. Mais l’argent ne coulait-il pas à flot ? Et il était évidemment hors de question d’arriver en vulgaire portoloin à Berlin. On risquait de les confondre avec le syndicat des producteurs de jus de citrouille.
Perseus n’avait jamais mis le pied en Allemagne et sa maîtrise de la langue de Goethe n’était pas excellente – mais il était fort heureusement secondé de son interprète Frau Carstens qui serait là pour lui traduire ce que ces germains tenteront de lui dire. Durant tout le trajet, il relisait le mémo qui retraçait les grands points de son discours, demandant de temps à autres à sa traductrice si la prononciation de tel ou tel mot était correcte. Puis, sur la dernière ligne droite, il se prit à rire avec ses subordonnés de l’excentricité du gouvernement allemand, de son inutilité aussi et du fait qu’il allait être assez facile de serrer ce pays dans un corset made in USA.
D’un œil de contremaître, il regarda ses gens se disposer en rang sur la place étriquée, pleine à craquer. Puis esquissa un sourire en entendant leur figure de proue l’annoncer : « Messieurs, mesdames, l’honorable Perseus Armstrong. » Il tendit son bras à son interprète : « Anni, me ferez vous l’honneur ? » Elle roula des yeux en acceptant la proposition et c’est bras dessus-bras dessous qu’ils descendirent la rampe.
Il s’appliqua à délivrer à la population allemande un large sourire en passant entre la haie d’honneur formée par ses hommes avant d’arriver à l’estrade. Il y monta le premier, suivi de près par Anni et délogea bien vite le petit orateur de sa place. L’heure était au vrai discours.
Nouveau sourire, posture légèrement détendue, les bras près à suivre ses paroles et l’oreille prête à saisir les murmures d’Anni qui se tenait prête à lui souffler le texte au moindre oubli, il se sentait comme un roi. Un sentiment assez habituel chez lui, mais toujours aussi agréable. Il se tourna un instant vers l’endroit où se tenait les nobles de ce pays, et son rictus ne s’en trouva que plus agrandi. Bien.
En avant pour le show.
« Allemands, Allemandes. Aujourd’hui nous célébrons, non pas la victoire d’un pays, mais celle de la liberté qui symbolise une fin mais aussi un commencement, qui marque le renouveau et le changement. » Petit coup d’œil aux nobles, puis son regard balaya la foule, toujours avec son sourire bienveillant. « C’est main dans la main que nos deux pays ont réussi, ensemble, à éradiquer la menace de Grindelwald. C’est unis que nous avons pu restaurer la paix dans ce pays trop longtemps meurtri par des conflits qu’il ne méritait pas. C’est notre alliance, entre les États-Unis et l’Allemagne, qui nous a permis d’atteindre ce résultat. La liberté. Le soulagement, enfin, après des années de souffrance. » Il voyait Anni grimacer discrètement à ses côtés, et il se douta qu’il avait dû mal prononcer un de ces mots barbares, mais ne s’y attarda pas. Il n’allait pas bafouiller pour faire plaisir aux éventuels linguistes présents dans l’assemblée. « Votre pays est resté trop longtemps au bord du gouffre, a trop longtemps été malmené par les conflits et la mort. Personne ici ne peut oublier la Grande Guerre et ses ravages… » Son adjoint lui avait dit qu’il ne serait pas de bon ton d’évoquer cette guerre là, mais Perseus tenait tout de même à rappeler à ces gens qu’ils étaient les perdants, dans cette histoire. « Votre gouvernement a héroïquement réussi à vous maintenir la tête hors de l’eau tout ce temps, mais maintenant ? Maintenant que le calme est enfin de retour, que faire ? Nous savons que le désordre ne mène qu’aux conflits, et une Allemagne instable n’est pas ce que vous désirez, ni ce que nous désirons. En accord donc avec votre gouvernement, nous venons vous offrir notre aide, afin de redresser ce beau pays. » Son rédacteur de discours était tout aussi subtil que lui, c’était pour ça sans doute qu’ils s’entendaient aussi bien. « Mes hommes resteront dorénavant sur le territoire, dans le but d’aider à pacifier l’Allemagne et pour éliminer les dernières troupes de l’Einsicht qui pourrissent encore vos provinces. » Il prit une inspiration, avant de reprendre : « Quant à moi, je siégerai à votre Conseil afin d’aider vos Landgraden » « Landgrafen, » lui souffla Anni. Il haussa les épaules et continua comme si de rien n’était : « Je suis certain que nous pourr- »
Mais il était dit que les discours aujourd’hui ne pourraient être menés à terme. En plein milieu de la phrase d’Armstrong une explosion retentit, à l’extérieur du cordon de sécurité dessiné par les Miliciens. Puis, très rapidement après, une seconde, cette fois parmi la foule. Aussitôt des cris, des hurlements. Les soldats américains avaient déjà empoigné leur baguette et s’étaient tournés du côté de la menace, parfaitement ordonnés. Mais la foule était trop dense, et surtout trop agitée pour que l’on puisse se rendre comtpe de quoi que ce soit. De trop nombreuses personnes se précipitèrent vers les Miliciens, dans l’intention de fuir la place, d’autres coururent vers l’estrade pour trouver une protection, ceux qui ne suivaient aucun mouvement durent jouer des coudes pour ne pas se faire étouffer par la masse. Quand soudain, des silhouettes vêtues de noir, avec des masques qui dissimulaient leur visage, apparurent. Se heurtèrent d’abord aux Miliciens qui, surpris, se laissèrent facilement déborder. Des éclairs fusaient dans les airs, puis quelqu’un hurla : « C’EST L’EINSICHT ! » Il y en eut pour transplaner, au diable la baguette bridée : on pouvait s’en racheter une autre, alors qu’on avait qu’une seule vie. D’autres tentèrent de fuir les silhouettes qui s’étendaient dans la foule comme une tâche d’encre et tiraient, visant les troupes américaines qui ripostaient avec autant de sorts. Le cri était repris, amplifié par la peur de se retrouver coincé entre deux feux : « C’est l’Einsicht ! C’est l’Einsicht ! » Ils venaient pour tous les tuer, pour venger Grindelwald.
C’était fini. Même les américains ne pourraient pas les protéger de ça.
PARTICIPER
• L'Einsicht attaque au beau milieu du discours de l'américain. Votre personnage se retrouve-t-il coincé, presqu'étouffé par la foule ? Tente-t-il de fuir ? Ou de se défendre ? Si votre personnage a réussi à passer outre le contrôle des baguettes il peut évidemment tenter d'aider les américains et la Milice (ou l'Einsicht) mais il faut savoir que si quelqu'un le remarque il s'exposera à quelques questions... À vous de voir, et mesurez bien les conséquences • Taguer les personnes avec qui vous interagissez. • Pour en savoir plus sur notre Perseus Armstrong, n'hésiter pas à venir voir sa fiche PNJ.
Wolfgang LehmannHeimdall
Revelio
Date d'inscription : 30/01/2018
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Baguette : 22 cm, bois de mélèze, cheveux de vélane
« C’est une blague. » Tu fais de nouveau un tour sur toi-même, en face du miroir à côté duquel Sonja est en train de perdre patience. Tu lèves les yeux vers elle -tu les lèves, littéralement, ça ne t’était pas arrivé depuis que tu étais môme. « C’est du poly’ de quoi que tu m’as refilé ? J’ai demandé citoyen allemand, pas gnome de la Forêt Noire ! » Elle roule des yeux, referme le flacon et le range dans la poche secrète de ta cape. « Si je ne m’abuse, tu n’as rien demandé du tout ; c’est moi qui t’ai autorisé à sortir. » La douche est froide et tu prends brusquement la cape qu’elle te tend. « L’idée c’était quand même que je ne meurs pas étouffé par la foule… » grommelles-tu. Elle va pour répondre, mais tu es lancé. « Non parce que moi, c’était pour rendre service que je faisais ça… garder un oeil sur Magnus » et Lothar, accessoirement. « C’est pas que je ne fais pas confiance aux Heimdall qu’on a refourgué au gouvernement, hein… Mais on sait jamais, si l’incapacité est contagieuse… » Elle ouvre des yeux ronds comme des boules de cristal. « Ça te va bien de tenir un tel discours. » remarque-t-elle. « Bon, si tu ne veux pas de mon polynectar, c’est tout à ton honneur, mais ça veut dire aussi que tu ne sortir- » Tu trottes -il n’y a pas d’autres mots pour qualifier ta course, vu la taille que tu ne fais pas- jusqu’à la sortie, avant qu’elle n’achève sa menace.
« C’est une blague. » Tu avais fait le tour de la place, afin de dénicher le membre de la milice affilié à l’Heimdall, afin de passer sans entrave (un argument de Sonja, comme quoi, tu devais y aller sous cette forme, car elle avait prévenu les Odins sur place que tu aurais cette dégaine en question). Le temps que tu te fasses une place dans la foule -ta petite taille te permettant de te faufiler plus facilement- qu’un énorme vaisseau avait crevé juste derrière le type au discours. Enfin, c’est plutôt ce que tu supposais parce que tu ne voyais pas grand-chose. Tu te frayais un chemin naturellement vers les tribunes du gouvernement, quand bien même tu aurais vendu père et mère pour que Magnus ne te découvre pas avec cette tronche. Quoique, tu aurais également vendu toute ta famille pour voir la mine de ton chef, à l’annonce de la délégation américaine. « Toujours à fourrer leur nez dans les affaires des autres, hein ? » Cela dit, la mission promettait d’être toujours moins ennuyeuse. Sachant que tu ne comprenais pas un traître mot de ce que leur Américain de big boss babillait, tu pouvais te permettre de zyeuter avec plus d’attention les alentours. Et s’il devait arriver quelque chose sans que tu puisses rien y faire, tu te ferais une joie de mettre ça sur le compte de ton physique de poche.
« C’est une blague ! » Une gerbe vient de te passer au-dessus de la tête, fauchant au passage les caboches plantées plus haut que toi. Ta baguette est au bout de ton bras, mais ton réflexe premier reste celui de rejoindre Röhr. Certes, ça te gonflait que les Américains soient dans la place, mais pour rien au monde, tu n’aurais espéré une telle fin pour eux. A ton avis, l’Einsicht était là pour eux, bien que ce choix stratégique t’échappe. Au vu de leur triste sort, ils n’avaient pas vraiment intérêt à se mettre à dos la nation la plus en forme au sortir de la guerre. Quoique, il n’y a pas plus fou et impulsif qu’un animal blessé, alors ça ne t’étonnerait pas tant que ça, avec le recul. C’était une occasion désespérée et inespérée que de porter une attaque en ces lieux, avec tout le gratin gouvernemental réuni. Tu finis par te résoudre à transplaner jusqu’à la tribune de @Magnus Röhr -tant pis si, après coup, il se fiche de toi et de ta dégaine actuelle (s’il parvient à te reconnaître, mais ça ne t’étonnerait pas plus que ça que Sonja lui ait raconté votre petite altercation). « La fête est finie pour toi, Röhr ; tu décampes, on fait le ménage, c’est ça l’idée. »
Polynectar:
wolfie a la goule de tom hollander et il vous emm*rde tous
L’auto arrive suffisamment en retard, sous le nez des miliciens, dans un ronflement de moteur qui ne manque pas d’attirer l’attention. Un membre du Parlement ? Non, seulement un fanfaron d’Américain prétentieux, carnet à la main, manteau de fourrure sur les épaules et sourire aussi faux qu’insolent marqué sur les lèvres. Leopold ne cherche pas à protester lorsqu’on lui parle d’un sceau. « Quoi ? Mais faites ce que vous voulez avec ma baguette et ne me faites pas perdre mon temps. Vous voyez bien que je suis en retard. »
A quelques minutes près, il manquait l’arrivée de Perseus Armstrong, après un discours vantant l’intervention américaine. Lui-même ne cesse de le répéter : le peuple d’Outre-Atlantique est maintenant incontournable pour les boches, bien qu’aucun d’entre eux ne semble décidé à l’avouer. Il n’y a qu’à se souvenir de l’expression affligée des invités lors du discours de Leopold pendant une certaine soirée au manoir… Les Allemands, tous rassemblés au même endroit, devant les membres du Parlement, sont là devant le fait accompli : ils ont perdu, ils se sont fait secourir et doivent maintenant se reposer sur les vainqueurs. Point. Leopold sent soudain que l’on dépose une couronne dorée sur ses cheveux gominés ; le voilà persuadé d’être le porteur de la bonne parole en territoire conquis.
Il a décidé de se faufiler dans la foule, pour passer inaperçu. Ce sera bien la première fois. Mais un journaliste américain aux premières loges serait à n’en pas douter une proie facile. Le New York Ghost compte sur lui pour lui retranscrire la manifestation. Il a beau être auréolé de succès, il sait que les Américains attendent ses chroniques hebdomadaires. « … La victoire d’un pays… Main dans la main… Personne ici ne peut oublier… » Armstrong choisit les bons mots. S’il mettait de côté son professionnalisme, Leopold applaudirait sans doute. Faire croire aux Allemands que la balle est dans leur camp tout en affirmant la présence indispensable des vainqueurs.
Puis c’est arrivé très vite. Une explosion. Des hurlements. Un air d’apocalypse. Perdu au milieu de la cohue, Leopold cherche un point sur lequel fixer son regard. Pour comprendre. Pour raconter ensuite. Utiliser sa baguette ne lui vient pas à l’esprit ; d’ailleurs, le sceau rendrait toute tentative vaine. Le scandale ne se fera pas attendre : si l’Einschit peut commettre un attentat dans un climat aussi tendu et en dépit des dispositifs de sécurité, qui plus est en présence d’une délégation américaine, c’est qu’on leur a permis de le faire. Trop tôt pour en tirer des conclusions, trop tard pour anticiper.
Leopold n’a plus le choix. L’auto est partie depuis longtemps ; il a ordonné à son chauffeur de s’occuper de ce bruit suspect dans le moteur. S’il avait su. Seul au milieu d’inconnus, paniqués, hurlant une langue qu’il comprend à peine, il ne réalise pas que rester planté ici ne l’aidera pas. C’est trop tard : une bousculade, une deuxième. Il perd l’équilibre. Troisième bousculade. Il tombe, son carnet aussi.
Paul LindemannAutres
Revelio
Date d'inscription : 28/01/2018
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Baguette : En bois de tilleul argenté, coeur d'écaille d’Ajattar en poudre
Ah, bon sang de bonsoir. Le Perseus est tout aussi irritant que les autres, même s'il a l'avantage d'avoir un charisme bien supérieur à celui des abrutis balourds qui le flanquent. Paul grince des dents, remue d'un pied sur l'autre, cherche des visages connus dans la foule avec qui il pourrait échanger quelques protestations bien senties sur cet étalage d'impérialisme bas de gamme. Bon, reconnaissons-le, pas si bas-de-gamme que ça. L'arrivée en fanfare a au moins cela de pris qu'elle est théâtrale, le genre de dramatique que Paul affectionne particulièrement, et le voilà à se demander s'il a déjà raconté ses quelques mois comme acteur à Paris à... à qui ? Il fronce les sourcils, secoue la tête. Probablement personne. Pas d'importance. De toute façon, il était affreusement mauvais. En tous cas, toute cette mascarade n'est qu'une épaisse couche de paillettes sur la terrible réalité. L'Allemagne est placée sous surveillance, sous contrôle de l'Amérique, pour des raisons que Paul comprend même s'il ne les cautionne pas. Tout va être plus compliqué avec ce gus siégeant auprès des Landgrafen. Sa première pensée va à Konrad, déjà arc-bouté de toutes ses forces pour maintenir son pouvoir et l'étendre, qui va devoir en plus gérer un tel individu au quotidien. Pauvre môme. Il y avait déjà bien assez de paramètres compliqués dans cette fichue équation. Sa deuxième pensée, quelle qu'elle soit, est coupée court par l'apparition des êtres masqués.
Faites qu'elles ne soient pas dans la foule, implore Paul à l'adresse d'une divinité avec laquelle il a des rapports houleux depuis très longtemps. Elles, les femmes auxquelles il tient comme à la prunelle de ses yeux, malgré tout. Anke, Hilda, Anthéa. Et puis eux aussi. Konrad, Walter. Même August, ce curieux gosse qui est son neveu, venu lui demander les affaires de sa défunte femme. Pour une raison que lui-même ne comprend guère, Paul sait qu'il ne se pardonnerait jamais si l'un d'entre eux venait à mourir. Si c'est bien l'Einsicht, il n'y a pas grand-chose à craindre. Ceux pour qui il s'inquiète en font partie ou n'ont pas de place sur l'échiquier gigantesque qu'est l'Allemagne. Quant à lui-même, bah, s'il doit crever, autant que ce soit en protégeant des gens. (Même si, bon sang de bois, il aurait dû apporter cette bombe au final. Se faire damer le pion par l'Einsicht, c'est sacrément frustrant.) On se piétine autour, on tente désespérément de fuir, sans trop de considération pour autrui. Chacun pour sa peau, à la guerre comme à la guerre, et quelques autres clichés du même acabit. Une bousculade proche attire l'attention de Paul sur un visage qu'il ne reconnaît d'abord pas, puis lui devient familier. @Leopold Applewhite, le cul à terre, l'air bien misérable dans cette cohue à laquelle il ne s'attendait certes pas – et Paul doit bien admettre que pendant quelques instants de mesquinerie, il est tenté de laisser l'Américain et sa foutue arrogance au sol à se faire piétiner. Sa bonté naturelle finit par prendre le dessus. Voilà donc le vieux croulant qui s'approche de Leopold, jouant des coudes pour lui laisser l'espace nécessaire à se relever. « Allez, mon gars, je sais que le sol de Berlin est beau, mais faut se bouger maintenant, » assène-t-il (en anglais, bien sûr) en tirant le jeune homme vers le haut avec une force tout à fait inattendue pour un homme de son âge. Pour un peu, Paul se féliciterait presque des expériences nécromagiques de la veille qui l'ont bien requinqué. « Filez avant que les autres Amerloques ne réalisent que vous êtes l'un des leurs et vous embarquent dans le combat. » Paul souligne son sarcasme d'un sourire goguenard et sonde la foule pour essayer de trouver où se rendre utile. Connerie que cette idée de mourir en héros – mais il ne peut pas s'en détacher.