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On court à l’essai, à perte, au pire (Silke)


Silke Hamelinheim

Silke Hamelinheim
Einsicht

Revelio

MessageSujet: On court à l’essai, à perte, au pire (Silke)   On court à l’essai, à perte, au pire (Silke) EmptyDim 28 Jan - 2:16


HAMELINHEIM SILKE
Hors-la-loi & Einsicht (Monstrueuse)



« Le plus grand mal, à part l'injustice, serait que l'auteur de l'injustice ne paie pas la peine de sa faute. » Platon

INFORMATIONS
Nom : HAMELINHEIM. La bourgeoisie née du commerce ; famille qui depuis plusieurs générations se targue d'une certaine aisance. Mais Silke n'est pas tout à fait née au cœur de ce monde, sa mère s'isolant avec elle quand elle devina qu'elle serait rejetée par la plupart de ses pairs dès que ceux-ci auraient compris son ascendance monstrueuse.
Prénoms ◆ SILKE. Choix mystérieux de sa mère, si tenté qu'il ait un sens. Sur le papier, elle a pour second prénom HEDVIGE, en hommage à sa grand-mère maternelle.
Surnom ◆ LA BOUCHÈRE. Les murmures terrifiés ont donné naissance à un mythe plus ou moins fondé. Le monstre se plairait, dit-on, à saigner ses proies, puis à les découper pour mieux les dévorer. Moldus et sorciers confondus ont entendu parler de la Bouchère de Nuremberg. Ses frasques s'étendent bien au delà du siège de l'Einsicht mais celui-ci a accueilli certaines de ses plus sanglantes nuits.
Lieu & date de naissance ◆ 5 JANVIER 1874, NEUMÜNSTER. Ville où ses ancêtres ont vu le jour, et où elle serait restée jusqu'à sa mort si sa lutte n'avait pas mené ses pas ailleurs.
Métier ◆ ASSASSIN. C'est l'Einsicht qui fait siffler ses lames. Quand on lui donne une cible, il est très rare que celle-ci y survive. Elle privilégie la discrétion et la rapidité, tranchant la gorge de ses victimes bien avant qu'elles ne réalisent sa présence.
Lieu d’habitation ◆ ULM (MUNICH), hôtel particulier d'Ebenezer Eiche. Une résidence où elle se plaît, sous le toit d'un vieil ami. Cependant, ses attaches sont très fines et elle passe le plus clair de son temps ailleurs ; sur les routes, à Nuremberg puis près d'Hambourg, sur le champ de bataille puis dans l'ombre des beaux salons, occupée à faire tomber des têtes.
Classe sociale ◆ HORS-LA-LOI. Recherchée depuis plusieurs années par la police sorcière, depuis que celle-ci est parvenue à mettre un visage et un nom sur ses exactions. La police moldue est également à sa recherche, ce qui ne cesse jamais de l'amuser.
État civil ◆ CÉLIBATAIRE. La dhampir est frivole, terriblement libre de goûter à tous les plaisirs qui s'offrent à elle. Malgré ses penchants qu'on pourrait qualifier d’hédonistes, son extrême loyauté fait d'elle une amante appréciable ; aussi généreuse qu'attentionnée. Gare, en revanche, à celui ou celle qui tenterait de lui prendre sa liberté.

Éducation ◆ Jusqu’à ses 10 ans, Silke eut pour seule professeure sa mère. Celle-ci craignait le rejet des autres enfants, la protégeant à l'excès du monde extérieur, mais elle lui apprit à lire et à écrire. À la mort de sa mère et lorsqu'elle partit vivre avec son père, ce dernier prit soin de lui inculquer une bien meilleure éducation. Ancien professeur de sciences naturelles à l’université, il lui donna rapidement le goût d’apprendre, tous domaines confondus - mais rien qui n'ait à voir avec la magie, puisque lui-même n’y connaissait pas grand chose. Personne ne l’a donc formé à se servir de sa baguette, ni la moindre théorie magique, et elle ne connaît que quelques sortilèges glanés à gauche et à droite dans de maladroites tentatives d’apprendre seule. Son éducation passa aussi par les routes du monde ; il l’emmena aux quatre coins du globe, estimant que les voyages forment la jeunesse. Silke apprit à ses côtés pendant de longues années, trouvant ce quotidien de voyage et d’étude aussi exaltant que satisfaisant.
Plus récemment, Ebenezer tente de lui apprendre à mieux maîtriser la magie, mais l'enseignement trop tardif rend les choses compliquées.

Opinion politique ◆ EINSICHT. Elle en est partisane depuis ses balbutiements. Elle n'a pas le fanatisme de certains pour ce qui est de l'homme, certes puissant, qui est à la tête de l'organisation. En revanche, son dévouement à l'Einsicht et plus particulièrement à sa branche Monstrueuse, depuis l'existence de celle-ci, est sans bornes. Bien des années avant de devenir Premier des Monstrueux (puis d'y perdre la vie), son père servit notamment de médiateur lors des négocations entre la Forêt Noire et l'Einsicht, et au fil des années ses qualités de diplomate en ont fait un homme aussi apprécié par certains membres que détesté par d'autres. Il devint d'ailleurs Premier de la Monstrueuse en 1920 - il parvint avec brio à maquiller la mort du précédent Premier et à récupérer l'artefact dans la foulée, grâce à ses relations et sa ruse. Comme Silke s'y attendait puisqu'il s'agit de la malédiction d'un tel poste, cette montée au pouvoir le mena à sa mort deux ans plus tard. Maja Lehrmann, dans une tentative pour débusquer l'Heimdall, vendit sa position. Encerclés, Joachim ordonna à Silke de lui arracher l'artefact et de fuir avec celui-ci, après lui en avoir soufflé le nom. La surprise fut totale quand elle arriva au quartier général sans avoir ingurgité l'artefact et le posa sous les yeux de tous, indifférente au pouvoir qu'elle tenait entre ses mains - et surtout, consciente de la promesse de mort qu'il recelait.
Autrefois espionne, maîtresse dans l'art de rassembler des informations utiles à l'Einsicht, elle a depuis la mort de Joachim laissé les charmes et manipulations derrière elle. Désormais, elle ne trouve de satisfaction que dans le meurtre, exécuté au nom d'une cause qu'elle estime juste. Tout ce qui n'est pas l'Einsicht, n'est qu'un ramassis de sorciers égoïstes ou aveuglés d'illusions.

Réputation ◆ Son seul surnom suffit à exprimer ce qu'on pense d'elle. Criminelle, meurtrière, paria. Et dans certains milieux ; séductrice, manipulatrice, sans foi ni loi. Les pires aspects du monstre, réunis en un seul être. Ce doit être rassurant pour ces idiots, de l'imaginer ainsi, d'en dépeindre ce tableau qui ne connaît que les extrêmes, qui réchauffe les cœurs d'une douce assurance : la certitude que le bien et le mal n'ont chacun qu'un visage. Qu'ils aient peur d'elle, ces imbéciles, au moins aura-t-elle la paix. Qu'ils la pensent dévoreuse d'hommes, mante religieuse ou encore tueuse de vierges si cela leur chante. Au moins ne restera-t-il que les plus intelligents, les plus braves ou les plus fous, pour l'approcher.

Particularité ◆ DHAMPIR. Moitié humaine, moitié suceuse de sang. Cas peu commun, Silke est née d'un amour impensable. Une union cachée aussi longtemps que possible, maudite par la famille maternelle, et en vérité par la société magique allemande toute entière. C'est ce qui coûta la vie à sa douce mère ; l'abomination qu'était cette affection ayant perduré tant d'années, même après la naissance de Silke. Contre-nature, soufflait-on alors autour d'elle et grince-t-on encore inlassablement, quand il s'agit des êtres de son espèce. Ni d'un monde, ni de l'autre. Son père lui a appris à voir ce qu'il y a de bon à garder son humanité, mais elle n'a pour autant jamais rejeté ses parts les plus sombres, ni craché sur les clans de vampires.




THEMES

Compétences magiques et baguette : Longtemps, la magie fut une sorte de tabou dans la vie de Silke. Son père l'en protégeait avec la ferveur d'un homme convaincu que le monde magique détruirait ce qu'il avait de plus précieux, sa fille. Les grimoires sur lesquels elle mettait la main, les baguettes de piètre qualité qu'elle parvenait à dénicher ; tout était réduit en cendre à peine en découvrait-il l'existence. Elle lui en voulu indéniablement, pendant de longues années, bien qu'il s'agissait d'une rancune sourde qu'elle n'exprima jamais. Lorsque tous deux rejoignirent l'Einsicht, elle fut enfin un peu plus libre de se former à la magie, ou du moins d'essayer. Mais elle comprit rapidement que ce ne serait pas une tâche aisée, et que la lutte dans laquelle tous deux s'étaient lancés leur prendrait trop d'énergie pour qu'elle puisse se le permettre. Les demi-vampire ne sont guère doués avec la magie, cela elle le comprit rapidement, et face à la nécessite de s'en sortir et de servir à l'Einsicht, elle décida de favoriser ce pour quoi elle avait déjà des facilités (notamment la manipulation et les aptitudes physiques). Aujourd'hui, elle ne regrette pas, mais tâche quand même de rattraper tout ce temps à ne pas toucher une baguette. Ebenezer lui en a offerte une il y a quelques années (plume de phénix, bois d'acacia, 27cm, très souple), et a eut l'étonnante patience de lui apprendre quelques sortilèges. Des débuts balbutiants mais qu'elle espère transformer au fil du temps en quelque chose de plus concret. Elle dévore qui plus est la bibliothèque de son hôte, avide de cette connaissance magique qui lui a toujours été refusée.

Les Moldus et le Secret Magique : Le secret magique, supposé protéger à la fois les sorciers et les moldus, a pour grandes perdantes les créatures de tout poil. Celles-ci ne sont protégées de rien ni personne, qu'elles se mêlent aux humains ou non. Considérées comme moins que des citoyens, même les animaux paraissent mériter plus d'égards. Au nom de quoi ? La prodigieuse humanité, le corps parfait et immaculé, la magie sans souillure ? Foutaises et jolis mots pour justifier l'injustifiable qui perdure. Silke n'a pas pour but de dominer les sorciers ni même les humains, mais simplement d'inverser la vapeur. D'abolir les règles de ce monde absurde, de libérer ses pairs en leur redonnant les rênes de leur propre vie. Le secret magique doit disparaître, et avec lui l'image vieillie qu'ont les moldus des monstrueux. Dans ce monde nouveau, ces derniers ainsi que tous les marginaux, auront les mêmes droits et le même respect que les sorciers les plus ordinaires qui soient. Pour que le secret magique vole en éclats, du sang doit continuer de couler ; la culpabilité n'est jamais loin, mais Silke estime que c'est le prix de sa lutte.

Casier judiciaire : Au sein de la communauté magique, on attribue à La Bouchère plus d'une quarantaine de massacres depuis cinq ans - quand au nombre de ses victimes, on suppose qu'il s’élèverait à plusieurs centaines. S'il n'est pas rare qu'elle soit accusée de tords qui ne sont pas les siens, la majorité des crimes ont bel et bien été commis. Elle est recherchée par la police magique depuis 1922, en partie pour sa participation aux massacres de moldus opérés par l'Einsicht, et en partie pour ses activités plus solitaires. Son mode opératoire consiste le plus souvent à égorger ses cibles, voir à les frapper à coups de couteaux aux endroits stratégiques, de sorte à ce qu'elles se vident de leur sang avant d'avoir le temps de crier. C'est lorsque la police magique se rendit compte que beaucoup des victimes de ce style d'assassinat portaient également la trace de crocs de vampires, qu'ils commencèrent à la tracer. Un témoin lui échappa brièvement et souffla sa description à la police. Elle fut ensuite aperçue lors d'attaques de l'Einsicht. Quelques mois plus tard, on retrouva le corps d'un des hommes de l'Heimdall ayant participé à la traque de son père - ou du moins, ce qu'il restait de son corps. Le reste des membres de cette équipe tombèrent les uns après les autres, jusqu'à ce que les derniers fuient le pays ou se terrent là où elle ne pourrait pas les atteindre, sous la protection rapprochée de l'Heimdall. Déjà, son surnom était né, d'autant qu'après enquête on fit le rapprochement entre ses autres meurtres et ceux de ces hommes. Les traces de crocs dans la chaire de ces derniers ne laissaient planer aucun doute sur ce qui leur était arrivé.

Sport et Arts : Garder une bonne forme physique a presque toujours fait partie du quotidien de Silke, souvent sans même qu'elle s'en rende compte. Petite, il s'agissait simplement de courir dans les champs des domaines alentour et de grimper aux arbres. Puis avec son père, la majorité de leurs voyages se firent à pied et à transports moldus, y compris dans des régions peu accueillantes. Mais en arrivant à l'Einsicht, elle réalisa qu'il lui manquait bien des aptitudes, qu'aucun de ses parents n'avaient voulu lui inculquer - et sans doute à raison ; l'art de se battre, avec une arme comme à main nue. À l'aide de quelques farouches autres membres de l'Einsicht, elle apprit à maîtriser un couteau et à se battre au corps-à-corps. Si sa force a toujours laissé un peu à désirer, elle décida de compenser par sa rapidité et l'utilisation de ses sens aiguisés. Au fil des années, et plus encore depuis la mort de son père, elle fit du meurtre son art. Avec sa magie balbutiante, on pourrait croire qu'il serait aisé de lui mettre la main dessus mais c'est loin d'être le cas, car encore faut-il arriver à l'atteindre avec un sort. Si son corps est sculpté par ces années d'entraînement et de mise en pratique, elle n'a en revanche jamais pratiqué de sport pour le plaisir - une idée somme toute assez étrange, à ses yeux. Quand à l'art, elle en apprécie la majorité des formes, mais n'est elle-même guère créative. Trop terre-à-terre, Joachim a bien tenté de lui apprendre à jouer du piano ainsi qu'à dessiner mais a vite réalisé que la tâche était vaine ; seuls les croquis scientifiques lui ont plu, comme la reproduction de plantes ou d'animaux.

Vie amoureuse et sexualité : Malgré les rumeurs sur sa sexualité débridée, rares sont ceux à vraiment savoir ce qu'il en est. Des amant et amantes, elle en a certes eut beaucoup, mais jamais de manière anodine. Elle ne s'abandonne pas si facilement, préférant nouer une forme de lien avec chacun de ceux partageant sa couche. Jamais elle ne promet vraiment plus, mais elle n'a rien d'une créature froide et indifférente, bien au contraire. Ses attentions peuvent être aussi passionnées que tendres, bien que la luxure soit un des plaisirs de la vie qu'elle affectionne le plus. Son cœur est ouvert mais ne supporte aucune chaîne, et ce depuis presque toujours ; elle a rapidement compris que c'était ainsi qu'elle aimait, et nombreux sont ceux à avoir espéré obtenir son exclusivité, en vain. Sans doute n'aime-t-elle pas à la manière de la plupart des êtres humains - ni même à la manière de son père, qui après avoir rencontré sa mère ne toucha plus aucun autre corps - et on lui a souvent reproché de ne donner qu'une part d'elle, de garder enfouies toutes ses faiblesses. Ce que Silke a toujours démenti, avec une certaine mauvaise foi.

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MessageSujet: Re: On court à l’essai, à perte, au pire (Silke)   On court à l’essai, à perte, au pire (Silke) EmptyDim 28 Jan - 2:17

Histoire
« Le prodige et le monstre ont les mêmes racines. » Victor Hugo

Elle est trop jeune pour comprendre. Restes dans la chambre et ne fais pas de bruit, Silke, a dit Agatha en fermant la porte. Elle n'aime pas être seule, ses yeux inquiets fixant le battant de bois. Du haut de ses cinq ans, elle attend sa mère avec le calme qu'impose l'impression de danger imminent. Les minutes passent et Silke retient ses larmes. Soudain, des bruits de voix, de dispute. Elle ne reconnaît pas le ton masculin, mais les pas se rapprochent, jusqu'à ce que la porte s'ouvre à la volée. Un homme se tient là, avec accrochée à son bras Agatha. Comme celle-ci voit qu'elle a échoué à le garder loin de l'enfant, ses épaules s'affaissent mais elle s'interpose, une lueur féroce dans les yeux.
« Ne la touches pas. »
Elle gronde, la mère, prête à montrer les dents. Mais l'homme la repousse d'un geste de la main, lâchant sèchement :
« Je veux juste la voir. »
Avant que Silke ne réagisse, le voilà un genou au sol devant elle, sa grande main lui saisissant le menton. Elle pleure doucement, d'incompréhension, de terreur. Il la dévisage avec un froncement de sourcils, puis finalement la force à ouvrir la bouche. Les crocs sont encore minuscules, à peine développés, mais ils ne passent pas inaperçus pour autant.
« Tu croyais vraiment pouvoir nous cacher ça éternellement ? »
Il la lâche avec une grimace que Silke ne comprend pas. Du mépris. C'est presque s'il cracherait sur cette abomination.
« Tu aurais dû la tuer. C'est un monstre ! »
Il échange un regard avec Agatha, que l'enfant ne voit pas ; elle se précipite dans les jambes de sa mère en essuyant ses larmes.
« Va-t-en, Philip. Va donc raconter au reste de la famille ce que tu as vu, ça ne changera rien. Je ne veux plus qu'aucun d'entre vous remette un pied ici. Compris ? »
Il peste, devient rouge carmin mais finit par partir, en colère mais impuissant. Elle croit comprendre, au moins un peu. Qu'est-elle, au juste ? Sa mère ne veut pas en parler mais elle n'est pas normale, c'est désormais une certitude.

L'esprit, de n'importe quel être humain ou presque, s'évertuerait à effacer ce type d’événement. Les sens s'émoussent, la conscience s'éloigne, et souvent, il n'en restera qu'un souvenir confus voir inexistant. Mais Silke n'est pas tout à fait humaine. L'odeur du sang, qui coule d'abord au front de sa mère, puis le long de ses cuisses, l'assaille sans qu'elle ne puisse l'ignorer. Ses yeux écarquillés n'arrivent pas à se détacher de la scène, bien qu'elle soit recroquevillée dans un coin de la pièce. Ils sont cinq, autour d'Agatha. Le temps s'est arrêtée pour Silke, depuis que le manège a commencé. Les insultes n'ont jamais cessé de fuser.
Chienne, traînée. Suceuse de vampire.
Silke ne comprend pas, mais elle a l'impression que plus elle se fera petite, plus cela se terminera rapidement. Au début, elle a voulu les arrêter, elle a hurlé en cœur avec sa mère. Ils l'ont frappé si fort qu'elle a cru que sa tête se décrocherait de ses épaules. Ses sanglots ont fini par les agacer, alors elle se tait à présent, ses doigts pressée sur sa bouche pour étouffer l'horreur. Enfin, les hommes arrêtent. Agatha est secouée de curieux tremblements, ses larmes absorbées par le bois de la table. Elle a longtemps supplié ; tout ce qu'elle voulait, c'était qu'ils ne touchent pas à sa fille. Et ils n'y ont pas touché. Elle a la nausée, la tête qui tourne d'avoir déjà reçu leurs coups enragés. Mais ce n'est pas terminé, et Agatha devrait le savoir. Ils ne peuvent pas la laisser parler. Ils n'étaient pas venus pour en arriver là, mais soudain, une dispute éclate entre eux.
« La traînée doit se taire ! De toute façon, c'est une honte pour les sorciers, elle mérite de crever. »
Les sanglots de Silke reprennent de plus belle. Une sorte de précipitation les saisit, tout à coup, comme si leur crime leur sautait aux yeux ; c'est une Hamelinheim qu'ils viennent de souiller. Certes, elle a presque tout d'une paria, mais peut-être que sa famille viendrait quand même leur demander des comptes. Son corps gracile est jeté au sol sans plus de cérémonie, puis c'est la ruée. Les poings et les pieds s'abattent dans un ballet insupportable. Jusqu'à ce que le silence règne, les gémissements d'Agatha soudain réduits à néant ; lentement, ils s'arrêtent, comme hésitants. C'est terminé ? Silke a les yeux écarquillés. Elle ne pleure plus, quand ils passent devant elle sans la regarder et quittent la maison ravagée. L'enfant rampe jusqu'au corps. Ses mains touchent les joues encore tièdes, maculées de sang. Ses pleurs s'écrasent sur ce visage déformé, qui déjà ne ressemble plus à celui de sa mère. Maman, appele-t-elle longuement. Nombre d'heures ont sans doute passé quand des bras la soulèvent et l'éloignent des bras maternels, à présent froids.

« Normality is a paved road : It's comfortable to walk, but no flowers grow. » Vincent van Gogh

Tout est si grand, bien plus que ce qu'elle a connu auparavant. Sombre, aussi. Les rideaux sont tirés, les lampes ne diffusent qu'une lumière étouffée. Mais elle trouve cela rassurant, Silke. Comme cette main qui tient la sienne, à la fois avec fermeté et douceur. Elle sent qu'il suffirait qu'elle tire un peu pour qu'il la laisse s'éloigner, mais qu'il ne la laisserait aller qu'à contrecœur. Ses yeux interrogateurs se lèvent vers lui. Joachim, a-t-il dit qu'il s'appelait.
Quand il s'est présenté chez les Hamelinhein, on lui a d'abord dit qu'il n'était pas le bienvenu, on lui a interdit d'approcher l'enfant. Alors il est venu directement dans sa chambre, elle ne sait pas comment. Sans doute aurait-elle dû avoir peur de voir apparaître sa grande silhouette, vêtue d'un costume sobre. Mais il y avait quelque chose de familier chez lui, comme une sensation de déjà-vu. Joachim s'est assis au bord de son lit et il lui a dit qu'il connaissait sa mère. Qu'il l'aimait de tout son cœur. Silke l'a cru, avec la naïveté qu'on ne peut avoir qu'à dix ans. Il n'a pas vraiment eut besoin d'expliquer, Joachim. Avant qu'il ne dise quoi que ce soit de plus, elle lui avait déjà demandé s'il était son père. Après tout, il était étrange, au moins autant qu'elle si ce n'est plus. Il avait la peau pâle, lui aussi, et la famille ne l'aimait pas. Alors quand il avait proposé qu'elle vienne avec lui, la réponse avait semblé évidente.
Silke avait laissé une petite note, de son écriture maladroite. Elle ne voulait pas que son oncle s'inquiète de sa disparition.
« Ta chambre est à l'étage. »
La voix grave résonne à travers l'immense hall et lui tire un sursaut. Hormis les meubles, et les tableaux qui semblent la regarder de haut, l'endroit est terriblement vide et silencieux. Prise d'une soudaine crainte, ses doigts se serrent plus fort autour de la main de Joachim. Il semble surpris, lui jetant un coup d’œil curieux. Il voit bien les perles qui s'amassent aux coins de ses yeux, alors il se penche pour la soulever.
« Allons, mon enfant, ne pleures pas. Je suis là maintenant. »
Elle se serre contre lui, son front contre son épaule. Maman, voudrait-elle appeler, mais elle devine que seul l'écho du manoir lui répondrait. L'écho et ce père dont elle ne sait rien, cette porte qui s'est ouverte dans le noir.

La première fois que Joachim la voit avec Natasja, Silke a peur qu'il ne les sépare. Qu'il refuse qu'elle continue de fréquenter cette gamine inconnue. Le vampire fronce les sourcils, mais il se contente de mettre en garde Silke. N'oublie jamais comme certains peuvent être cruels parce que nous sommes différents. Mais Natasja n'est pas tout à fait comme les autres sorciers ou même les moldus. Il faut aussi dire que Silke n'a pas beaucoup de moyens de comparaison, mais ce dont elle est certaine, c'est qu'elle a confiance en cette nouvelle amie. Sa première amie, celle avec qui elle peut presque avoir une enfance normale. Bien sûr, elle ne quitte le manoir qu'une fois le soleil presque au plus bas, quand ses rayons ne risquent plus de lui irriter la peau. Et lorsqu'elle rentre, bien avant la fin de la nuit, Joachim lui fait l'école - comme disait sa mère.
Elle ne sait pas vraiment ce qu'est une véritable école, mais elle a toujours aimé apprendre. La bibliothèque de Joachim fait au moins dix fois la taille de celle qu'avait Agatha, et il semble savoir tant de choses que sa curiosité jamais ne faiblit. À 14 ans, il l'emmène pour la première fois ailleurs, visiter l'Angleterre. Ses monuments, ses paysages, son histoire ; il tient à ce qu'elle voit le monde en plus de le connaître.
À 14 ans, elle découvre également des plaisirs plus enivrants. Natasja paraît avoir grandi bien plus vite, remarque-t-elle - mais Silke y goûte quand même sans crainte, avec l'impatience maladroite de la jeunesse.

Des années douces s'écoulent. Son père est vite devenu un modèle à imiter, un idéal de sagesse qui la fascine. Elle pose mille questions et toujours il y répond, même quand le sujet est délicat. Il pourrait avoir honte de sa propre nature, mais il ne s'est jamais caché de ses yeux curieux. Elle l'a souvent vu revenir du village le plus proche, avec sur ses vêtements une légère odeur de sang. Elle a déjà demandé, devrais-je faire la même chose quand je serai grande ? Il a secoué la tête, la mine sombre. Il est si semblable et pourtant si différent. Pourquoi ne vit-il plus avec ces clans dont elle a trouvé mention dans un livre ? C'est la seule question qu'elle hésite longuement à poser. Le jour où elle se décide, pour la première fois, elle voit qu'il craint de répondre.
« Les vampires de la forêt noire ont laissé presque toute humanité derrière eux. Ils n'ont plus rien à faire du monde des hommes, de la beauté de cette terre ni même de toutes ses richesses. Seul le sang leur plaît et la compagnie des leurs. Je les respecte, mais mon humanité est mon bien le plus précieux. »
Elle boit ses paroles, tâchant de trouver quelque part dans ses mots un sens à sa propre existence, à l'absurdité de sa naissance. Comme toujours, il comprend.
« Ta mère... ta mère aimait la vie, elle aussi. Quand elle nous a quitté, j'ai cru que c'était terminé. J'ai pensé les rejoindre, abandonner. Disparaître dans la Forêt noire. Mais tu étais là. Une épine dans le pied de sa famille. Une tâche sur la toile de leur beau tableau. »
Réalité qui pourrait être douloureuse mais qu'elle enlace enfin, avec son lot d'injustice et de zones d'ombres.
« Ne laisses jamais qui que ce soit te dire ce que tu devrais ou ne devrais pas être, ou encore que tu es une erreur, Silke. Pour ta mère et moi, tu étais tout sauf un erreur. »
Elle a les yeux humides. C'est sans doute trop, réalise-t-il tardivement, pour une adolescente, aussi brave soit-elle. Du pouce, il essuie la larme qui roule sur la joue pâle.
« Alors pourquoi tu n'étais pas là avant sa mort ? » demande-t-elle soudain.
La tristesse s'étire, invitée indésirable, sur les traits de Joachim. Elle l'a toujours connu mélancolique, mais jamais ne laissait-il apparaître à ce point sa peine.
« Elle avait peur, finit-il par admettre. Je n'étais jamais loin, en vérité. Quand tu ne regardais pas, je surveillais. Moi aussi, j'avais peur, pour vous deux. Et j'avais raison... »
Elle fronce les sourcils, Silke. Cette histoire manque de sens, elle ne comprend pas : pourquoi sont-ils restés à Neumünster ? Pourquoi n'ont-ils pas simplement fui ensemble, avec elle, dans un lieu où personne ne serait venu leur causer de tord ? Elle ouvre la bouche pour questionner, protester, mais son père l'interrompt.
« On n'arrache pas les racines d'une femme qu'on aime, Silke. Ce serait déjà la tuer. »
Elle ouvre des yeux ronds puis les détourne, confuse. Elle sent qu'il lui manque des éléments, quelque chose pour compléter ce puzzle. Elle n'a jamais aimé, après tout. Ou aime-t-elle Natasja ? Bien trop de questions sans réponses l'assaillent, auxquelles aucun livre ne peut vraiment répondre.

« She who walks the floors of Hell finds the key to the gates of her own Heaven, buried there like a seed. » Segovia Amil

Ils se regardent en chien de faïence, pour la toute première fois depuis que Silke a passé la porte du manoir, 17 ans plus tôt. Elle en a désormais 27. C'est une femme, une adulte, n'est-ce pas ? Elle est assez âgée pour prendre ses propres décisions, et surtout assez têtue pour qu'il ne puisse pas lui dire non longtemps, elle en est convaincue.
« C'est extrêmement dangereux. Tu n'y as pas ta place, Silke. »
Elle lève les yeux au ciel, se retient de taper du pied ; l'hypocrisie dont il fait preuve est sans précédents !
« Parce que toi, tu y as ta place ? Tu t'écoutes, au moins ? Ne laisses pas les autres te dicter ta conduite, Silke ! C'est exactement ce que tu fais ! Si tu suis cet homme, ce Grindelwald, tu dois avoir de bonnes raisons. Pourquoi ne pas m'expliquer, mh ? Au lieu de me prendre pour une idiote. »
Il aurait dû s'en douter, qu'elle s'en mêlerait. Qu'elle ne supporterait pas de rester sur la touche, quand il s'était visiblement trouvé une grande cause à soutenir. Cette cause, elle ne faisait qu'en deviner les contours flous. Une plus grande liberté pour eux ? La fin de la société magique actuelle et de ses absurdités ? Il soupire, Joachim, passant une main sur son visage. Qu'il a été naïf, de penser qu'il pourrait supporter Grindelwald sans attirer l'attention de sa fille.
« Je vais tout t'expliquer, si tu me promets d'être très prudente. »
Elle a cette expression butée qu'il lui connaît bien, la même qu'avait sa mère - un tempérament qui lui vaudrait sans doute des ennuis, comme à Agatha. Et dire qu'il espérait lui avoir appris la patience et la mesure. Elle finit pourtant par hocher le menton, acceptant cet accord qu'elle ne respecterait sûrement qu'à moitié.

1915. Avec d'infinies précautions, elle s'extirpe des couvertures. La fraîcheur de la chambre d’hôtel lui hérisse la peau, mais elle n'y prête pas attention, concentrée sur son objectif. Comme d'ordinaire, il a abandonné sa mallette dans un coin de la pièce. Elle jette un dernier coup d’œil méfiant à la silhouette endormie avant de s'en approcher. L'employé du service de régulation des créatures magiques ne devrait pas s'éveiller rapidement, pas après qu'elle l'a épuisé des heures durant ; son esprit, également, s'est émoussé à son contact répété. Comme une berceuse qu'elle lui aurait soufflé presque chaque nuit, la demi-vampire a endormi sa méfiance à force de nuits chaudes et de sourires complices. À ses côtés, elle doit prendre constamment garde à ne pas s'approcher des miroirs et des fenêtres, mais ses efforts ont payé. L'homme est inconscient qu'elle n'a d'autre intention que de lui sous-tirer de précieuses informations.
Doucement, à gestes prudents, elle extirpe les dossiers de la mallette et les épluche avec attention. Elle attend depuis des semaines le moment où il ferait l'erreur de garder des documents importants avec lui, et il semblerait que ce soit enfin son jour de chance. Au milieu de paperasses sans intérêt, une note s'est glissée. Une liste de noms, dont certains soulignés. Elle reconnaît quelques créatures mais la plupart lui sont inconnues. Les trouver et les avertir ne serait pourtant pas compliqué. Plutôt que de voler la note, elle saisit son manteau et en sort une plume et un papier, avant de recopier avec application les noms.
Demain matin, il aurait la mauvaise surprise de s'éveiller seul. Sans doute tenterait-il de la retrouver, mais elle ne lui aurait laissé aucun moyen d'y parvenir. Qu'importe son cœur blessé, en vérité. Les vies de ces hommes et ces femmes comptent bien plus aux yeux de Silke. Elle sait qu'il n'hésiterait pas à les briser, en un jour, en une décision.
Monstres, qu'il les appelle lorsqu'il parle de son travail. Il faut bien que quelqu'un s'occupe de les compter, ceux qui vivent un peu trop près ! Et de les garder à l’œil, surtout. C'est bien la peine de gagner la guerre, si c'est pour que ces abominations nous frappent ensuite par derrière. Elle hésite, avant de quitter la chambre d’hôtel. Au fond de la poche de son manteau, elle fait rouler entre ses doigts ce petit couteau qui ne la quitte pas, au cas où. Il suffirait d'un geste pour qu'il ne soit plus jamais un risque. Mais elle sait que Joachim n'approuve pas, il lui a bien souvent répété que la violence n'engendre rien d'autre que la violence. Ses mots lui semblent sages, alors elle finit par lâcher la petite lame et partir dans l'aube naissante.
Il lui faudrait apporter la liste à ses supérieurs, à présent. Et sans doute lui donneraient-ils une autre cible, un autre idiot à entourlouper. Ou peut-être devrait-elle séduire un autre militaire moldu jusqu'à le détourner de sa mission ? Même si ce ne serait pas la première fois, la perspective a toujours quelque chose d'amusant - le défi est tentant. Se glisser dans la vie d'un être ordinaire puis lui souffler ses décisions jusqu'à n'en faire qu'un pantin, un jouet. Ce sentiment de pouvoir - et surtout, d'enfin avoir un rôle à remplir... Sans doute ne s'en lasserait-elle jamais.

1919. Le jour où un chasseur de créatures se mit en tête de l'attraper, et finit par y parvenir, Silke ne s'imaginait pas qu'en découlerait une détonante rencontre. Ce fou de sorcier qui s'était imaginé pouvoir planter sa tête sur une pique, tel un trophée, termina sa vie avec un couteau planté dans l’œil jusqu'à traverser le crâne - mais il avait déjà eut le temps de l'abîmer. Ses sortilèges avaient ouvert de nombreuses plaies sur son corps, et quand Joachim finit par la trouver, elle s'était pratiquement vidée de son sang. À l'époque déjà bien placé, son père eut la chance d'avoir un contact parfait pour ce genre de cas extrême ; il parvint à l'amener de justesse chez Ebenezer Reiche, chercheur travaillant en secret pour l'Einsicht.
Silke en vint à questionner son mépris pour les nobles, quand elle ouvrit les yeux dans une des chambres de son hôtel particulier, bien vivante. Elle découvrit rapidement que l'endroit avait deux facettes. Celle la plus rutilante et dotée de beaux salons mondains. Et celle la plus sanglante et sordide, réservée à la ribambelle de ses « invités » - anormaux et autres créatures plus ou moins humaines, plus ou moins vivantes. Si elle vit nombre de choses qui lui déplurent, l'homme était doté d'un indéniable charme, ou du moins d'un petit quelque chose qui la poussa à rester un peu plus longtemps que nécessaire. Curiosité, dégoût, fascination, autant d'émotions qu'il parvenait à éveiller chez elle. En ces lieux, elle se sentait le plus souvent à l'aise, au moins autant qu'au manoir de son père.
S'inviter dans son lit fut une sorte d'évidence, à laquelle elle ne chercha pas à échapper. Ils avaient, et ont encore, un esprit semblable de bien des manières. Mais surtout, jamais il ne chercha à lui glisser des chaînes aux pieds, sachant bien qu'elle finirait toujours par revenir vers lui, ne serait-ce que pour une nuit.

La décision n'a rien eut de simple. Ce n'était pas une évidence, une certitude l'ayant saisie un jour. Elle y a pensé longtemps, a pesé les conséquences de son choix avec la sensation d'être déchirée de part en part. L'accident est arrivé sans qu'elle ne puisse s'y attendre, révélant la faiblesse des moyens de contraception, même magiques.
Quand elle en a parlé à Ebenezer - en lui précisant, bien évidemment, que ce n'était pas de lui qu'elle était enceinte - il a semblé si compréhensif, prêt à tout pour l'aider. Alors elle a fini par accepter sa proposition. À présent, elle se sent sale, et surtout, atrocement mal. Il y a la douleur physique, certes intense, mais surtout la boule qui prend de plus en plus d'ampleur dans sa gorge. Elle n'en a pas dit un mot à Joachim, elle sait qu'il serait parvenu à la faire changer d'avis. Mais c'était impossible. Jamais n'aurait-elle fait une bonne mère. Pire, jamais n'aurait-elle offert un destin acceptable à cet enfant. Fils ou fille de monstre, monstre à son tour, méprisé par le monde entier ou presque et ce sans doute pour encore de longues années. Ce n'est pas qu'elle n'a pas foi en l'Einsicht, mais elle n'est pas de ces naïfs qui s'imaginent que la guerre se gagne en une journée, ni même en une décennie.
Pourtant, pour la toute première fois, elle a la sensation d'avoir du sang sur les mains. N'est-elle pas égoïste, quand d'autres femmes rêveraient d'avoir cette chance ? Ne se trouve-t-elle pas des excuses ? C'est la main d'Eben qui efface les quelques larmes, sa voix qui apaise un peu de la culpabilité, dont le poids ne la quitterait toutefois jamais.

« The saddest thing about betrayal is that it never comes from your enemies. »

L'homme sort du bar en tanguant légèrement. Il manque de percuter la femme plantée là, se redressant soudain face à elle. Elle est plutôt impressionnante, cette dame, bien qu'il ait du mal à la voir avec précision - l'alcool lui donne une vision floue, et il comptait d'ailleurs rentrer par cheminée plutôt que transplaner dans son état. Ce qu'il voit, ce sont les cheveux couleur corbeau qui s'échappent de son manteau noir. Pourquoi ne se pousse-t-elle pas ? Il s'apprête à la bousculer pour passer, mais une voix impérieuse le fige net.
« Suis moi. »
Une petite part de lui lutte contre l'ordre, ses pensées se heurtant cependant à la force de cette étrange autorité. Il n'a pas tous ses moyens, l'idiot ; il ne panique même pas, la suivant docilement dans la ruelle adjacente. C'est une aubaine, songe-t-elle, qu'il soit si facile à attraper. Les humains sont dotés de tant de faiblesses !
« Ne bouges pas. »
D'une main, elle le coince contre ce mur de pierres humides. Tous deux sont plongés dans le noir, mais elle y voit très bien. Il peut soudain sentir le froid de l'acier contre sa gorge, un hoquet de terreur s'échappant de ses lèvres.
« Qui vous a dit où trouver Joachim Solberg ? »
Cette fois, il parvient à résister, sa volonté s'opposant à celle de Silke dans une bataille silencieuse. La question le harcèle mais il parvient à l'ignorer, à n'y répondre que par un silence obstiné. Il ne trahirait pas leur source, ni la cause en laquelle il croit fermement. Malgré le couteau contre sa chaire, il crache au visage de la dhampir.
La réaction de celle-ci ne se fait pas attendre. Elle doit agir vite, à présent que le moyen le plus classique n'a pas fonctionné. L'arme s'enfonce jusqu'à la garde dans l'épaule de l'homme, sans préavis autre qu'un mouvement rapide dans l'obscurité ; son hurlement s'étouffe dans sa gorge, et elle presse une main contre sa bouche pour taire ne serait-ce qu'une partie de ses gémissements. C'est le poids de son corps, le tenant coincé contre le mur, qui l'empêche de se laisser tomber au sol sous la douleur. D'un mouvement fluide, elle retire le couteau et le plante une seconde fois, dans la cuisse ; il lui mord les doigts en criant sous sa paume, mais c'est à peine si elle cille. L'odeur du sang est à présent omniprésente, et elle ferme les yeux pour mieux s'en délecter. Elle attend qu'il se taise enfin pour reposer sa question, sur le même ton, avec le même calme.
« Qui vous a dit où trouver Joachim Solberg ? »
L'homme est secoué de tremblements et de sanglots. Il ne répondrait sans doute pas, malgré la torture. Elle s'écarte et il tombe comme un pantin au sol. Les doigts froids de Silke saisissent l'un de ses poignets pour plaquer sa main contre le mur. L'acier dérape sur la pierre en emportant un premier doigt. Elle ne le fait plus taire, cette fois-ci. Les autorités n'arriveraient pas bien vite dans ce quartier, même une fois qu'on leur aurait signalé les cris.
Il supplie qu'elle l'épargne, sans doute. Elle a cessé de l'écouter en vérité. Ses oreilles sifflent légèrement, son visage ne laissant paraître qu'une rage froide. Il est le premier d'une longue liste de visages, qu'elle a mémorisé le jour maudit où son père est mort. C'était il y a trois mois. Elle se laisse tomber à genoux devant sa victime et l'attire contre elle ; de loin, on pourrait presque s'imaginer qu'il ne s'agit que d'amants profitant de la faveur de la nuit. Les crocs déchirent une première fois la peau fragile de sa gorge. Il ne fait plus que gémir faiblement, sans même tenter de la repousser. Sans doute sent-il déjà la vie le quitter. Elle goûte au début d'une longue vengeance.
Joachim n'approuverait pas, c'est certain.
À plusieurs reprises, elle plante ses dents dans l'épiderme tendre du creux de son cou, jusqu'à pouvoir en arracher un premier morceau. Elle l'étreint tout en laissant le goût de sa chaire se répandre dans sa bouche. Toute sa vie durant, on ne lui avait autorisé que la viande animale, et elle avait respecté ce choix de son père. Ce mode de vie, elle l'avait adopté et gardé malgré ses convictions, malgré l'Einsicht. Jusqu'à ce jour, du moins. Jamais aurait-elle imaginé que la chaire humaine pourrait avoir un goût aussi merveilleux.
La vengeance est plus douce que le miel, disait Homère. Elle perd la notion du temps et ce sont les bruits précipités de pas sur les pavés qui la ramènent brutalement à la réalité. Quand la police magique arrive sur les lieux, elle est déjà loin.

« Tu n'es plus la même, depuis... depuis qu'il est mort. »
Les paupières battent faiblement pour chasser le sommeil. Lovée contre l'amante, elle soupire lourdement. Elle aurait aimé que l'autre se taise, ne soulève pas ce sujet là.
« Que veux-tu que je te dise ? C'était un grand homme. »
Plus méritant que je ne le serai jamais. Le silence retient des mots amers, une haine tournée vers l'intérieur dont elle ne cherche pas vraiment à se défaire. Perdue, voilà ce qu'elle est, sans lui.
« Je ne serai pas en paix tant que les coupables ne seront pas tous morts. »
L'amante la fixe d'un regard inquiet. Silke devine les mots qui vont suivre et pose un doigt sur ses lèvres.
« Cesses. Je m'en sortirai très bien. Personne ne m'attrapera. »
Fierté mal placée ou confiance tranquille de prédateur. Les têtes sont tombées les unes après les autres, jusqu'à ce qu'enfin elle ait une réponse. Elle s'était attendue à tout sauf à Natasja. Son cœur en fut déchiré, lui qui n'a jamais vraiment oublié cette gamine, longtemps sa seule amie. La première, presque en tout, dans sa vie. Elle devine qu'il ne sera pas simple d'enfoncer ses lames dans ce corps-là, qu'elle a autrefois couvert de baisers. Mais il le faudrait. Justice serait faite ; c'est le minimum qu'elle puisse faire, la seule chose qui puisse réparer un tant soit peu l'irréparable.
« Ta vengeance te consumera, ma douce. »
Les yeux noirs se font soudain brûlants, fixant l'amante comme si celle-ci venait de l'insulter ; elle frémit alors  d'anticipation, certaine de ce qui suivrait. La brune se hisse sur elle, ses lèvres fondant sur sa peau.
« Tu parles beaucoup trop. »
Les corps des deux dhampirs reprennent la danse abandonnée plus tôt, Silke se laissant glisser jusqu'entre ces cuisses graciles.

« I was never insane except upon occasions when my heart was touched. » Edgar Allan Poe

Une femme raffinée devrait être de celles qu'on entend venir de loin, de celles dont les talons claquent avec régularité sur l'élégant carrelage. Son habit devrait avoir de vives couleurs, des coupes excentriques, afficher la plus grande originalité. Silke n'est pas une femme raffinée, du moins pas aux yeux du plus grand nombre. Elle entre dans les appartements d'Ebenezer sans que le moindre bruit ne la trahisse, son pas aussi léger qu'une plume. Le long manteau ne fait qu'effleurer le sol derrière elle, avant qu'elle ne le jette sur un fauteuil.
Aujourd'hui, ce n'est pas par vengeance qu'elle a tué ; c'est le sang des ennemis de l'Einsicht qui tâche sa robe fendue, les traces à peine remarquables sur le noir du tissu. Elle s'en débarrasse d'un mouvement de baguette. Au moins commence-t-elle à maîtriser les sortilèges de nettoyage - maigre fierté que voilà. Dans la luxueuse salle de bain d'Ebenezer, elle laisse couler l'eau sur ses doigts blancs puis s'essuie le visage de la même manière, les dernières preuves de son méfait s'enfuyant au fond de l'évier. Le grand miroir dans lequel l'homme se plaît à vérifier son reflet ne lui renvoie qu'une ombre aux contours indistincts, comme toujours.
Petite, elle avait mis longtemps à réaliser que ce n'était pas le cas du reflet de sa mère, qu'elle avait quelque chose de spécial - de différent. Mais cela ne l'avait jamais dérangé tellement. Il n'y a que trop de Narcisses dans le monde, de ces gens amoureux d'eux-mêmes. Ou bien ne supporterait-elle pas de se faire face ? Elle ne s'attarde pas plus, hésitant cependant au pas de la salle de bain. L'amant dort profondément, nullement troublé par son entrée. La nuit ne touche pas encore à sa fin après tout, loin de là. Elle se souvient soudain d'un détail, et se penche sur son manteau, sortant d'une des poches une cravate élégante. Maculé de sang, l'objet a une vocation de messager morbide.
Aujourd'hui, elle a fait un léger détour avant d'exécuter les ennemis de l'Einsicht. L'homme était un parasite, un manipulateur, un égoïste - le monde magique se porterait mieux sans lui. Mais surtout, la dernière invitée d'Ebenezer se porterait infiniment mieux sans lui. Elle traverse l'étage jusqu'à atteindre la chambre de cette dernière, qu'elle trouve endormie comme la plupart des occupants. Elle laisse la cravate, bien pliée, sur la table de chevet. Le visage de la gamine paraît presque paisible mais elle devine sans peine qu'il ne s'agit que d'une délicate illusion. Les metamorphomages sont après tout des maîtres en la matière.
Elle a bien vu qu'Ebenezer ne regardait pas celle-ci comme ses autres patients. Quel destin lui réserverait-il ? Son intérêt pour cette histoire est flottant mais bien réel. Cependant, jusqu'à ce qu'Ebenezer se décide, elle devrait rester discrète et garder ses distances avec la demoiselle - allez savoir ce qui pourrait se cacher derrière ces yeux aux teintes imprévisibles.


HRP
Personnage : Inventé Face claim : Katie McGrath Pseudo : Syriane Âge : 23 ans Où avez-vous connu le forum : Sur bazzart. Team Gestapo au rendez-vous. Comment décririez-vous votre rythme RP : C'est variable, 2 à 10 réponses par semaine selon l'inspi/le taff. Commentaire : Prout. Bravo pour le taff.

Hilda Jörgen

Hilda Jörgen
Einsicht

Revelio

MessageSujet: Re: On court à l’essai, à perte, au pire (Silke)   On court à l’essai, à perte, au pire (Silke) EmptyDim 28 Jan - 12:08

"Métier : Assassin."
YES.

(Et Katie en blonde est toujours super perturbante.) (But not in a bad way. hehe hehe hehe )

Officiellement BIENVENUE à ma fifille. On va tous les tuer tkt. Ils vont brûler. russe

Comme tu le sais, n'hésite pas à nous contacter pour des questions, des remarques, des doutes ou des conseils. Le staff est là pour toi. kr

Konrad Reinhardt

Konrad Reinhardt
Gouvernement | Autres

Revelio

MessageSujet: Re: On court à l’essai, à perte, au pire (Silke)   On court à l’essai, à perte, au pire (Silke) EmptyDim 28 Jan - 13:52

La Bouchère c'est si délicat, frais : j'adore kr

Bienvenue sur Reve fun et bon courage pour la suite de ta fiche. Juste un conseil : n'écoute pas trop trop Hilda, ce n'est pas spécialement la personne la plus équilibré du pays, si tu vois ce que je veux dire Arrow

Et si tu as la moindre question, n'hésite pas à contacter un membre du staff, on se fera un plaisir de répondre à tes interrogations kr

Paul Lindemann

Paul Lindemann
Autres

Revelio

MessageSujet: Re: On court à l’essai, à perte, au pire (Silke)   On court à l’essai, à perte, au pire (Silke) EmptyDim 28 Jan - 16:53

Une dhampir assassin, j'aime j'aime (et ce surnom !). Tout ça est fort prometteur, i want moar @@



Invité
Invité

Revelio

MessageSujet: Re: On court à l’essai, à perte, au pire (Silke)   On court à l’essai, à perte, au pire (Silke) EmptyDim 28 Jan - 16:57

Je veux en voir plus sur Crocmitaine. plz En vrai avec le peu que j'ai cru comprendre sur ton personnage je compte bien surveiller cette fiche haha.

Bonne chance !



Invité
Invité

Revelio

MessageSujet: Re: On court à l’essai, à perte, au pire (Silke)   On court à l’essai, à perte, au pire (Silke) EmptyDim 28 Jan - 17:13

Non je n'ai pas peur de vous hide hide hide
Très hâte de voir la suite et tout kr

Magnus Röhr

Magnus Röhr
Gouvernement | Heimdall

Revelio

MessageSujet: Re: On court à l’essai, à perte, au pire (Silke)   On court à l’essai, à perte, au pire (Silke) EmptyMar 30 Jan - 8:51

Okey tu m'as conquise rien qu'avec ton titre (maviepourcoeurdepirate), dommage que tu sois à l'Einsicht, personne n'est parfait comme on dit russe

En tous cas j(ai hate de lire la suite des exploits de cette délicate demoiselle hehe Redite des deux autres gueuses: hésite pas en cas de besoin kr

Ariel J. Jadefluff

Ariel J. Jadefluff
Autres

Revelio

MessageSujet: Re: On court à l’essai, à perte, au pire (Silke)   On court à l’essai, à perte, au pire (Silke) EmptyMer 31 Jan - 11:32

oh, une dhampir avec un tel avatar, je plussoie ! amour kr
et puis le choix d'affiliation aussi. hinhin
bienvenue et bonne chance pour ta fiche ! *^*

Konrad Reinhardt

Konrad Reinhardt
Gouvernement | Autres

Revelio

MessageSujet: Re: On court à l’essai, à perte, au pire (Silke)   On court à l’essai, à perte, au pire (Silke) EmptyVen 9 Fév - 18:04

REVE T'OUVRE SES PORTES
OKLM ça cite du Homère dans la fiche, ah mais tu sais comment me parler  slurp1  Les scènes avec Agatha étaient pleure pleure elle a en vu des trucs horribles la bichette… Et la scène lorsqu'elle est enceinte...............  pleure  pleure  stare  stare J'ai hâte de voir comment elle va mener sa quête de vengeance, avec le crew  stache

File donc t'amuser maintenant, avec tes nouvelles couleurs  kyah  plz



Félicitations, tu es validé(e) ! Avant de te ruer dans la zone rp cependant, une petite chose s'impose, le recensement. Merci de bien vouloir passer dans ce sujet afin que nous puissions t'ajouter à toutes les listes nécessaires. Une fois cela fait, nous te conseillons d'ouvrir une fiche de liens afin d'augmenter ton carnet d'adresse. C'est aussi un moyen idéal de trouver des partenaires RP !
Nous te conseillons d'ailleurs, avant de commencer à rp, de bien prendre soin de vérifier la période de jeu en cours afin de bien savoir comment dater tes sujets.



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On court à l’essai, à perte, au pire (Silke)

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